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mercredi 21 octobre 2020

Jeff Lynne: domine le sur mesure et évite le kitch et le vulgaire

 

 

        Boris Casoy, comme d'autres "informateurs", l'information va à deux vitesse depuis des    décennies (ph. internet)

 

Ah, ce fameux « journaliste critique artistique ».
Je n’évoque même pas les spécialistes en d’autres matières sérieuses comme la justice ou la politique.
Au Brésil, cela fait des décennies qu’ils ont instauré une méthode bien à eux pour traiter l’information. Les journalistes de renom vous relatent un fait face caméra. A cet instant, c’est la 'nouvelle' objective, le fait sans émotion, bref, ce que le professionnel vous livre droit dans les yeux, sans un tremblement qui trahirait un frisson d’humanité. C’est à cette caméra qui se dresse face à lui, comme cela se passe quotidiennement en Europe de Nord.
Sauf que soudainement, une autre de ces machines qui subtilement s’était approcher à 90° du révélateur des agissements de notre monde - et que personne n’avait soupçonner, excepté le locuteur-, joue un rôle qui détruit les minutes de nouvelles neutres annoncées précédemment. Cette caméra qui semble plus intime que la précédente. Elle est la confidente à qui le maître de cérémonie donne son avis sans fioriture, que son long métier lui accorde, soi-disant, comme crédibilité de trente ou quarante ans de métier.
Vous avez du mal à me suivre ? Imaginez qu’il annonce que le budget de l’éducation du pays de cette année avait été mal évalué, laissant les caisses vides 6 mois plus tôt que prévu. Il fait soudainement un quart de tout vers la caméra complice, avec un regard entendu et une voix qui ne cache pas la suspicion, indiquant au citoyen que c’est ce qui arrive quand les hommes de pouvoir confondent les poches de l’état, et ceux de leur costumes trois pièces. J’avoue que j’ai dû me pincer pour croire cette méthode, il y a bien des années de cela. 

Mais passons. Je déteste ces termes : « Critique artistique ». Vous ne les entendrez jamais sortir de ma bouche (qui est presque aussi sensuelle qu’Elvis quand il arrivait à soulever la lèvre supérieure gauche…je déteste ce gars de Tupelo !). L’expression, « chroniqueur artistique » est bien plus adéquate, tandis que le « journaliste critique », fait exactement le contraire de ce que l’on imagine être le journaliste que l’on imagine impartial et qui de toute façon (tant dans la presse, internet ou la télévision, a du mal à analyser encore la définition de « subjectivité »). 

Les pays du sud, où la personnalité se veut plus émotionnelle, ont du mal à vous livrer un fait, avec un maximum de détails, dans un minimum de temps. Pas le temps à perdre, allons directement au résultat de l’enquête encore non initiée ! On comprendra par contre qu’on ne demandera jamais au « chroniqueur artistique », -oui bon d’accord, le « critique artistique » -, d’être objectif, que du contraire.
Et si un soupçon de polémique se pointe, on fermera les yeux. Conclusion banale : il y a plusieurs journalismes. Oui, je sais, c’est un cliché que j’ai honte de rappeler, mais ce ne sont pas les mêmes métiers. Internet à changer la donne, puisque tout le monde peut se faire un blog et donner son opinion (et il y en a des excellents !), mais si les salaires de ce noble métier à morfler. Je suis confiant quant à son future. La somme de matière artistique étant – oui, toujours le net- incommensurable. On finira par revenir à vous puisque la culture ne vient plus dans votre média audio ou visuel, mais, il est de mise de ne pas être fainéant. Donc, il faut bien quelques guides pour vous indiquer quel chemin vous fera gagner 5 kilomètres. Ou plus simplement, leur nouveau rôle sera de vous diriger dans le sens que vous cherchez. 

Prenons mon exemple. Après tout, je suis le mieux placé pour parler de mon humble expérience. J’ai été engagé dans un magazine de renom à 19 ans. 

Mais que savais-je à 19 ans ? Qu’avais-je écouté ? On me donnait un disque à chroniquer, et heureusement la maison de disque me donnait un dossier pour que rien ne m’échappe. En cela j’étais déjà manipulé. En réalité, je suis de mauvaise fois car j'aurais pu me payer la honte, car mal informé.
Non ! le chemin à suivre est le suivant. On écoute la rondelle, on la situe dans le discographie de l’artiste, on place l’artiste et son importance dans sa niche, on place la niche dans l’ensemble des centaines de genres ou sous genres que la musique populaire nous offre (et qu’il faudrait plutôt bien connaître, donc avoir écoutés), on compare avec son œuvre et celui des autres (et je résume), et alors oui, on peut se risquer à donner un avis peut être personnel mais qui s’appuie sur une crédibilité de milliers d’heures d’écoutes, de lectures, (ou de concerts). Mais à 19 ans…Franchement ! Soyons sérieux !! 

Après 10 ans de musiques anglaises (UK, US), ou de langues française, ont suivi dix ans de passions et d’études sur la MP Brésilienne. Et il y a peu, j’ai dû me rendre à l’évidence que c’est plus ma prose, qui s’était affinée entre 1982 et 1992, que mes connaissances d’outre Albion, quand je parlais de Sister of Mercy, qui voilait des manques impardonnables. Sans parler de notre goût qui s’est affirmé. Et à ce jour, alors que je reviens davantage vers mon continent, ma connaissance de la musique brésilienne est bien supérieure. Pourquoi ? En 1993, j’avais 10 ans de plus, et ce que croyait connaître de mes groupes ou artistes favoris de mon adolescence, soufrait de ce qu'on appelle une certaine expérience du vécu.

Moi, Daniel, formateur d’opinion, qui croyais tout savoir sur The Beatles, Queen, Bowie, Roxy Music, Curtis Mayfield, Motown, Marvin Gaye, et j’en passe, je me suis rendu compte de mes lacunes abyssales. Me basant sur mes expériences, ma passion, mes recherches et les ouvrages que j’avale à dose de 300 pages journalières. Oserais-je dire que j’étais un peu filou ?

 

                               Notre connaissance sur l'oeuvre des Beatles est biaisée à un point inimaginable

 J’apprends encore aujourd’hui sur Paul, John, George et Ringo. Ou même Bowie dont je fus « président » du fan club entre 79 et 82 (à cet instant cette révélation disparaît de votre cervelle !!) 

En résumé, un chroniqueur musical ou artistique doit avoir un background solide, et pour cela, s’il a 30 berges ou 35, c’est un minimum. Et s’il a la chance de posséder des notions musicales, comme des bases d’harmonies, de compositions, de techniques de studio, des « trucs » pour séduire l’amateur le plus pointu, c’est le top !
Et oui, moi aussi, j’ai voulu que les femmes m’arrachent la chemise après avoir rageusement délivrer un riff bestial avec ma Gibson, ma Les Paul, ou ma Rickenbacker (avant de me rendre compte que de plus talentueux seraient devant moi dans la file !). Car non, je ne crois pas à la phrase « je n’ai jamais cru que ce titre serait un succès, ce fut une surprise au-delà de mes espérances ». Il y a moyen de dribler l’écouteur par des séquences d’accords, mille fois utilisés. Demandez à Niles Rogers, Ivan Lins, ou Jeff Lynnes, ou aux orfèvres de riffs, Dave Davies ou Keith Richard. C’est d’ailleurs la seule chose que je peux reprocher à mes collègues, même bien meilleurs que moi. Ils tombent parfois dans ces pièges, comme quand vous versez une larme en assistant à un film romantique américain avec Jennifer Lopez et Nick Nolde (au hasard). Et que même blindé, oui, vous la verserez cette larme! Car la bande sonore vous l’impose, et le producteur rusé l'aura voulu ! Si j’ai évoqué Jeff Lynne, le génial (entre 1974 et 1979) compositeur/ producteur/ chanteurs/ musicien, c’est qu’à cette époque, il a joué avec élégance (et culot) de tous les ingrédients qu’une « Escort girl » musicale pouvait utiliser de plus vulgaire…Sans l’être. Pour cela une recette : aller à fond dans la séduction, sans honte, et ne pas jouer petit bras. Ou vous êtes mort ! Quoi de plus kitch de mélanger Chuck Berry et Beethoven, et cela sur 7 minutes !! Rien que l’idée donne la nausée. 


Dave Davies (The Kinks), précurseur du riff, clef d'un succès quase garanti? (You Really Got me now, All the Day and All of the Night)

Mais Avec Jeff et son look de griffon mouillé, on remet le morceau en cachette, comme on remet « Evil Woman », avec ces trois accords au piano qui ne savent plus se voir en peinture d’avoir été surexploités. Cela passait mal d’aimer Electric Light Orchestra quand on prie à la chapelle de « Seveteen seconds" de Cure », ou que pour s’absoudre de ses pêchés, on écoute trois « Unknown pleasure », et deux « Hong Kong garden », à la chapelle du Marquee (célèbre salle de concert de Londres). 


 Derrière ces poils et ces lunettes, se cache un sorcier de la composition katchy et un producteur solicité: Jeff Lynne

Mais bien sûr, il y avait plus que cela. Jeff Lynne savait utiliser à merveille les compresseurs sur sa voix, qui jonglait les yeux fermés avec des harmonies comme les choeurs de l'Aemée Rouge, utilisait tous les effets techniques pour obtenir une batterie plus lourde que John Bonham (Led Zep), - plus racoleur que « Don’t bring me down », vous connaissez ? - et usait et abusait des riffs trop simples pour être honnêtes ("Showdown", "Do ya", "Ma ma ma belle", et j’en passe). 

Comme le dit l’artiste, ce qui paraît laborieux est voué à l’échec (dans son genre à lui), et ce qui coule de source, demande des heures de recherches dans son sac à malice. Ecoutez « A New world record” (1976), “Out of the blue” (1977), ou “Discovery” (1979). Étudiez et comprenez toutes les accroches, et vous aurez les ingrédients de la recette. John Lennon avait intronisé Jeff Lynne en digne fils des Beatles. Et Paul, autre filou sympa et génial, enchérissait en déclarant, « que voulez-vous, vous entendez un morceau de Jeff, et vous ne pouvez pas lutter…ça fonctionne!" (comme le film américain) ! 


 Combien se serait cassé les dents avec un tel emblème digne des pires groupes discos américain. Pas Jeff Lynne de Birmingham!

En 80, il laisse les cordes et violoncelles, laisse « All over the world » à Olivia Newton John et Amaury Jr, et se fond dans une pop qui devient trop banal. L'effet de surprise ne fonctionne plus. Mais le natif de Birmingham, prend la décision de mettre ses éléments de séduction au profit de ses idoles.

« Zoom », en 2001, est encore un sursaut, mais l’homme a déjà fait son œuvre. Seul Jobim, Lennon-McCartney, Stevie Wonder, Miles Davies ou Bowie pouvaient ne pas avoir recourt à ces pièges malicieux, auxquels on s’attend, en y accolant une recherche artistique ou cérébrale…Mais bon, c’est je parle d’extraterrestres. Quoi que…
En bon égocentrique, Bowie se plagiait lui-même, et Mc Cartney restera le druide qui ressuscitera quand l’heure aura sonnée de fermer le tombeau. Personne n’a parlé de son dernier album « Egypt Station », un des meilleurs albums pop de 2019.


En revisitant l’œuvre d’Electric Light Orchestra, je me suis mis à écouter aussi The Traveling Wilburys, ce super groupe né d'un cannular (Dylan, Orbinson, Petty, Harrisson), qui accouche de  « Handle me with care », le seul bon morceau qui vaut le détour au milieu d'un album est franchement moyen, si l’on excepte la voie divine de Roy Orbinson. Il produit Cliff Richart et d'autres, s'installe à Los Angeless, se paye le luxe de sortir un double album de ses anciens succès qu'il réanregistre entièrement seul, sort encore deux albums où il se contente du minimum syndical: "Alone in the World "(2012) et "Out of Nowhere" (2019), toujours seul, sous le nom de Jeff Lynne’s Elo. Deux disques loué par la critique malgré des mélodies indignes de ce que le compositeur avait créer autrefois. Mais je suis sûr que l’artiste le sait. 

Depuis, il se présente dans des endroit bucolique comme Central Park ou Wembley à Londres avec 70.000 spectateurs en 2018 et 2019, et il aurait pu remettre cela les jours suivants. Le pire c’est que le bonhomme est d’une simplicité, et d’une candeur touchante, quand il rencontre George Harrison, un des « fab » qu’il produira pour « Cloud nine » (1989), son meilleur album avec « All Thing must past » (71). Et il ne feint pas d’être ému, et réagit comme un fan aux yeux plein d’étoiles, quand il sauve sauve George de la dérive, Tom Petty d’années d’insuccès, fait revivre (là on ne se plaindra pas) Roy Orbinson, et impose sa production à Mc Cartney connut pour virer ses producteurs car on ne refuse pas les desiderata du plus talentueux des Beatles. Derrière ses lunettes, Jeff possède la malice de celui qui impose ses idées, en faisant croire qu'elles sont celles de son protégé du moment. Mais comme son travail est irréprochable...Ce gars est bon, doué, humain et intelligent.

 

The Beatles revive grâce à Jeff qui remixe "Free as a bird" et Real Love" pour le projet "Anthology" dans les années 90's

 Jeff Lynne est un grand !! « You’re good », dirait De Niro, et lui qui affectionne les heures passées en studios, je sais qu’il se donnait la peine de s’appliquer, il serait encore capable de nous sortir un disque coloré qui est son monde, celui où l’on voudrait vivre, que l’on aime chanter, car, lui-même avoue qu’il a du mal à décrire des situations dramatiques. Mc Cartney a été pendu haut et court pour « Silly Love Song », mais Paul qui avait raison. Jeff nous fait une aguicheuse sexy irrésistible (genre Rita Hayworth puissance dix), en nous disant qu’il fait beau, que aucun nuage n’apparait à l’horizon, et c’est « Mr Blue Skye », « Monsieur beau temps qui devra laisser sa place à la nuit avant de revenir »…Ben oui, c’est tout !….


 "Ce gars était à deux doigts de me piquer mon trône de la chanson pop contagieuse" semble dire Paul Mc Cartney

Que dire après ça. C’est une vie qu’on ne veut pas perdre (« Living thing »), quand celle qui hante votre esprit (« Can’t get it out of my head »), apporte a peu d’amour à votre vie (« Shine a little love for my life »). Et puis il l’a affirmé il va y avoir une grande fête dans le monde entier….I just heard there's gonna be a party all over the world !!! Allez Jeff, t’es pas tout seul, et si tu as la santé, ils seront encore de nombreuses fois 70.000 fans où que tu fasses se rencontrer Ludwig Van Beethoven et Chuck Berry !

mardi 20 octobre 2020

Tropicalia Worldmusic: Big Exit

Après des mois d'absence en podcast, l'équipe de Tropicalia Worldmusic a hésité longtemps avant de revenir sur le net avant de publier l'émission de Radio appartement par contrat à Radio Judaica Belgique. Non pas qu'écouter les saveurs du monde soit néfaste, que du contraire, mais ce programme, qui est conçu et produit sérieusement, prend naissance dans la tête d'hommes et de femmes, et leurs émotions. Et vous proposer ce programme dans un contexte qui ne serait pas 100% consacré et dédié au sujet à cette émission qui, entre nous, compte plus de 30 ans, ne serait peut être pas d'une honnêteté éthique. Mais que diantre!! Noyons nous dans un bain d'andorphine et il sera dit que l'Art sous toutes ses formes nous sauvera de la morosité, comme il l'a toujours tenté de le faire et continuera plus que jamais son office!!! Raisonnez notes, harmonies et rythmes du monde! Et place aux artistes martyres pour l'instant, mais qui malgré tout, nous rende les couleurs des pays qui vont droit vers l'hivers, et rafraichis ceux qui, sous la chaleur, vous rafraichis comme à chaque fis! Let's play the music and dance ...or sing!!

samedi 10 octobre 2020

Tropicalia World Music: Planet Queen

 Dans un moment où le surréalisme ne nous étonne plus trop pour son "non sense", oublions l'émotionneel que le monde nous impose, et fions nous aux ressenti que nous provoque l'art et, déns ce cas, la musique. Assez tergiverser, et lançons nous pour tenter de sentir à nouveau la sensation de partage, entre amoureux des mélodies, des rythmes et des harmonies. Pour nous aider, invitons dans cette émission, peut être encore à la recherche de ses repères...

TODD RUNDGEN, MARC BOLAN, NACHAT UND NEBBEL, STROMAE, NENEH CHERRY, CRIOULO, THE STYLE COUNCIL, EMILIO SANTIAGO, ELVIS PRESLEY, SUZANNE VEGA, LEVEL 42, ADRIANA CALCANHOTTO, META META, NANDO REIS, NIK CAVE & THE BAD SEEDS, EDEN, ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA, EMILY HAINES, ELTON JOHN, U2, VAN HALEN

dimanche 20 octobre 2019

Tropicalia World Music 9: Let's shake it!

A la recherche de la ligne d’horizon musicale, Tropicalia Wold music, programme, né en 2003 sur les ondes de Radio Judaica, continue sa longue marche, et s’arrête de temps à autre pour vous faire découvrir, ou vous remettre en mémoire, quelques pages musicales jamais gratuites. Pour cette neuvième édition, je me suis laissé guider par le hasard, et regardez comme il fait bien les choses avec :

THE CARS, THE FOO FIGHTERS, TWENTY ONE PILOTS, ANGEL OLSEN, NICK CAVE AND THE BAD SEEDS, CHARLI XCX, SOFT CELL, THE SQUEEZE, L’EPEE, THE CURE, GONG, LOST GIRLS, METRONOMY, WHISPERING SONS, LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL, U2, CHAZ JANKEL, PRINCE, FAT WHITE FAMILY

samedi 19 octobre 2019

"Bohemian Rhapsody" et "Rocket man", des biopics qui en font naître d'autres




La biographie de Freddy Mercury portée à l’écran du très raisonnable film « Bohemian Rhapsody » fut-il un déclencheur? Toujours est-il que les biopics musicaux sont en vogue ces derniers mois : Judie Garland, David Bowie (en négociation), Elvis Presley, et d’autres en cours de tournage à cet instant. C’est une question de goût personnel, mais j’ai rarement été positivement surpris par le genre  cinématographique. 
Ayant assisté à « Bohemian Rhapsody », il y a quelques mois, j’ai attendu d’assister à « Rocket man », la biographie romancée d’Elton John, supervisée par ce dernier, pour comparer deux angles de vue du même style cinématographique. Et de fait, nous sommes en présence de deux approches d’histoires de vies, diamétralement opposés. 


 Rami Malek et Gwlym Lee, Mercury et May à l'écran

Dans les deux biographies, pour les puristes, les erreurs sont légions, mais c’est là le moindre des soucis. Après tout, pour l’un comme pour l’autre, il s’agit de films grand public pour lesquels le fait de savoir si les chansons sont interprétées à la bonne époque n’a que peu d’importance. Il y a cependant une différence notoire, le fait que « Rocket man » fut réalisé du vivant d’Elton John, de surcroit sous sa direction  officieuse, tandis que « Bohemian Rhapsody » fut conçu 17 ans après le décès de Mercury, sous l’œil intransigeant de Brian May et de Roger Taylor, respectivement guitariste et batteur de Queen. Jusque-là, rien ne peut influer sur la qualité du film. 

Brian May et Roger Taylor, les vrais, entourent Rami Malek


J’avoue que la prestation de l’acteur Rami Malek dans le rôle de Freddy Mercury a le mérite d’être d’une certaine retenue, et même si le personnage ne possède pas le charisme du mythique chanteur de Queen, la performance réside dans sa gestuelle sur scène, impressionnante lors du fameux « Live Aid », qui s’impose comme le temps fort d’un film qui ne cherche pas à dépasser un style plutôt réaliste, axée principalement sur les relations importantes que le compositeur entretint le long de sa vie avec des personnages qui compteront pour lui. Les musiciens acteurs ont également suivi à la lettre les conseils de May et Taylor, le bassiste John Deacon, n’ayant pas participé à l’élaboration du film. 
Bref, en résumé, pour un public qui n’est pas sensé connaître la vie du groupe, le réalisateur Bryan Singer a réussi à rendre une biographie humaine, sans aborder une approche trop pointue. 


 Scène du film lors du "Live Aid"

Si « Bohemian Rhapsodie » se termine en 1985, avant la maladie de Mercury, le réalisateur évite les inévitables scènes de pathos qu’auraient occasionnées la dernière ligne droite du chanteur touché par le sida. Il a préféré terminer le biopic lors de ces 20 minutes à Wembley, qui furent d’une importance cruciale pour le groupe qui commençait à se désintégrer. Il aura fallu ces 5 chansons (visibles sur YouTube) pour cimenter à nouveau les relations des musiciens, et prolonger la vie du groupe jusqu’au décès du chanteurs en 1992. 



« Rocket man », le biopic d’Elton John du réalisateur Dexter Fletcher se situe dans une autre catégorie. Si « Bohemian Rhapsody » se focalisait davantage sur les liens humains qu’entretenait Mercury dans sa vie privée, la biographie d’Elton insiste (Taron Egerton à l’écran) sur la difficulté relationnelle avec sa famille, dès sa jeunesse, mais relate surtout la dizaine d’années où le chanteur avait perdu le contrôle de sa vie, perdu dans une solitude, et se noyant dans toutes sortes de substances destructrices dont il parvint à se sortir. 



 Taron Egerton, ou Elton John dans ses périodes d'excès

Une victoire qui est symbolisé par la parodie du clip de « I’m still standing », période de renaissance du compositeur. De fait, la partie musicale de la vie d’Elton passe au second plan, et les chansons qui forment la bande sonore s’appuient sur la période 1972-1975, quand 5% du marché du disque fonctionnait grâce au compositeur de « Your song », composé avec Bernie Taubkin, très présent dans le film. 
Pour son autobiographie porté à l'écran, Elton John à choisi la formule de la comédie musicale, avec sa dose volontaire de surréalisme, mêlant hallucination et réalité, selon le vœu du chanteur. Les acteurs peuvent se mettre chanter à chaque instant, qui s'adapte plutôt bien à l'expression cinématographique, plus glamour mais sans concession. Cependant, en passant du thème relationnel, à sa lutte  avec ses démons  de manière répetitive, reléguant l'aspect musical au second plan, le scénario s'épuise au deux tiers du film. Et de fait, c’est ce que le spectateur ressent, suite à un manque de repère dans le temps, et on finit par assiter à une thérapie  que l'artiste tient à mettre au point tant au niveau familiale, qu'à sa lutte pour sortir de ses excès.  

 Elton John et son compagnon à Cannes, présentation de "Rocket Man"

Le film s'achève sur un« happy end » - véritable, ceci dit - à la clef, alors qu'Elton retrouve la conscience de son talent et le chemin de sa vie grâce à une abstinence encore suivie de nos jours. Cette  victoire apparaît cruciale pour l'artiste, comme il aime à le rappeler lors de chaque concert actuel, comme celui que j’avais pu voir à Lille (France), il y a peu.

lundi 14 octobre 2019

Tropicalia World Music 8: Beauty

A la recherche de la ligne d’horizon, Tropicalia Wold music, programme, né en 2003 sur les ondes de Radio Judaica, continue sa longue marche, et s’arrête de temps à autre pour vous faire découvrir, ou vous remettre en mémoire, quelques pages musicales jamais gratuites. Pour cette huitième édition, je me suis laissé guider par le hasard, et regardez comme il fait bien les choses avec : WILKO JOHNSON, FATS DOMINO, THE THE, THE FIREMAN, FRED MARTINS, GABRIEL O PENSADOR, LULU SANTOS, GEORGE MICHAEL, ASTRUD GILBERTO, GARY NUMAN, GRACE JONES, IAN DURY & THE BLOCKHEADS, JERRY HARRYSSON, HEAVEN 17, THE JAM, IGGY POP, SIOUXSIE AND THE BANSHEES, JOE JACKSON, JOAO DONATO, ISABELA TAVIANI, GORILLAZ c/ GEORGE BENSON, JACKSON DO PANDEIRO

mercredi 9 octobre 2019

Une petite réflexion suite au post précédent…



 "Box set  vinyle", The Cure, 40 ans

Pour faire concurrence aux vinyles d’époque, et pour tenter d’augmenter le pourcentage de vente de l’ancien médium et donner une suite à l’actuel engouement du LP, un produit assez peu répandu par le passé, le « box set », objet luxueux qui peut rendre hommage à un disque qui a marqué l’histoire de la musique populaire (augmenté de versions diverses et inconnues), ou tout simplement la discographie complète d’un groupe ou d’un artiste, s’est considérablement multiplié. Le « box set vinyle » a une autre allure que le coffret CD. Et puis, il permet parfois de retrouver ces grandes galettes que nous avons vendu pour presque rien au profit du Cd’s, au début des années 80’s, persuadés que l’évolution technique était irréversible. 
C’était oublier que l’homme n’est pas toujours à la recherche de la dernière innovation, mais qu’il peut exister un lien affectif d’une autre sorte, encré en nous. Un exemple me vient en tête, même s’il nous écarte du monde musical. 

 Paire de fauteuils, Philippe Starck, années 80's

En Europe, vers 1985, il y eut une vague de design et de décoration d’appartement très techno, comme celle proposée par le Suisse Philippe Starck. La décoration était assez minimaliste, dominé par le noir et le blanc qui recouvraient des meubles aux formes peu sensuelles, à l’aspect impersonnel, aux angles marqués, mais ou la courbe était discrète. Les murs faisaient place aux tableaux abstraits, la plupart du temps. Une déshumanisation, dont votre humble journaliste a succombé, par goût, mais sentant rapidement une sorte de manque, et ses limites. Quelques années plus tard, dans un monde ou la chaleur humaine connaissait lui aussi un refroidissement climatique continu, on assista à un regain des meubles en bois rustique, ornée parfois de fausses patines créées sur l’instant, tandis que la lumière et la couleur reprirent le dessus. 

 Meuble "campagne rustique"



Nous avons besoin aussi que les objets nous transmettent un confort, car après tout, nous vivons dans ces décors, et la vie n’est pas un film qui se passe en 3025. Ce minimalisme et cette froideur, synonyme de « branchitude » et du goût pour l’alternatif (la principale raison), touchait aussi bien la mode et d’autres domaines. 



 Type  d'appartement en vogue en Europe vers 1985

Ayant travaillé en galerie à cette époque, le conceptualisme, le minimalisme, et autres arts cérébraux étaient les œuvres à posséder. Mais vers 1989, les grandes salles de ventes d’art mondiales assistèrent au retour du collectionneur vers la peinture traditionnelle, l’impressionnisme, le fauvisme, l’expressionisme, rendant à l’humain, une place qu’il n’avait voulu quitter que le temps d’une expérience. En cela, pour revenir au post précédant, c’est presque par hasard, en réécoutant les 12 albums de Siouxsie and the Banshees, que je me rendis compte que chaque album était orné d’une pochette pleine de vie, au design soigné, souvent de couleurs vives, presqu’un paradoxe pour une musique sombre, souvent monocorde, qui aurait combiné avec des couvertures aussi lugubres que celle d’un autre grand groupe gothique, Bauhaus

                                                          "The Sky's gone out", Bauhaus



Siouxsie and the Banshees avaient réussi à unir ambiance glaciale avec chaleur de ses belles pochettes, sans que personne ne commenta ce paradoxe. Enfin, toujours par rapport au post précédent, la superbe pochette de « Claypool Lennon Delirium », sur double vinyle rose, n’en fait pas un disque supérieur par sa belle conception iconographique. Même si inconsciemment, l’emballage nous influence qu’on le veuille ou non. Ne nous leurrons pas, la musique aura toujours le dernier mot. Et qui dit que le rituel qui entoure le vinyle, ne connaîtra pas un essoufflement. Je ne pense pas qu’il disparaîtra, mais penser que le MP3 lui laissera la place n’est qu’une douce illusion. Le digital le surpassera encore de loin pour des raisons économiques, même si la vente de la musique décroit dans son ensemble.


Quant au CD, il n’est pas dit qu’il disparaisse, même si sa vente s’écroule. Il n’y a pas de raison qu’il n’ait pas sa place, et chaque tribut la sienne. Et qui sait, nous sommes loin d’imaginer le paysage de l’écoute musicale d’ici 5 ans.

mardi 8 octobre 2019

En écoute: Strummer, Claypool-Lennon, Siouxsie



Joe Strummer : Box « 001 » 
Sorti au final de 2018, le coffret vinyle de Joe Strummer (1952-2002), pouvait promettre quelques agréables surprises. Trois albums et une septième face comprenant un titre avec Mick Jones, « U.S. North », inédit, et signé avec son ex-compagnon de The Clash, pour un coffret qui reprend ce que le hargneux rythmiste des quatre londoniens, a enregistré avant le premier album "The Clash" (1977). D’autres enregistrements inédits sont mis en boîte avec son premier groupe, The 101ers, d’autres en solo, entre 1975 et la date de sa disparition. L’accompagnent aussi les membre de The Latino Rockabilly War, The Mescaleros, et figurent aussi d’autres participations à divers projets, tous choisis parmi les archives personnelles de Strummer. Hélas, il ne faut pas deux écoutes pour se décevoir de la platitude des titres, qui vont d’un rock plutôt banal, quelques rythmes plus exotiques, voir une incursion dans la country peu exaltante.
Bref, un coffret pour fan qui me fait dire que l’autre franc-tireur social de l’époque Thatcher, Paul Weller (The Jam), fut bien plus prolixe et régulier (et continue à l’être), et que si Strummer était une bête de scène, plutôt sympathique et rationnel en interview, ses faits de gloire se résument au premier album de 1977, le seul que l’on peut qualifier de "punk", et de l’intouchable « London Calling » (1979), entre rock, ska et rockabilly. Le triple « Sandinista » (1981) regorgeait de titres inutiles, noyés dans le dub reggae et le rap, ratant l’occasion de faire un seul et unique excellent volume, et que « Combat Rock » (1983), fut sauvé par ses deux hits « Rock the Casbah » et « Should I Stay or should I Go ». Un peu court pour un rockeur qui valait mieux que cela. 


 The Claypool Lennon Delirium: “South of reality”
 Et puisqu’on parlait il y a peu des Beatles, évoquons cet étrange mais intéressant deuxième album sorti cette année, qui passera sûrement inaperçu de la plupart des amateurs en général, mais qui mérite une mention spéciale. Sorti sous forme de double album, sous le format du « Half Speed Mastering » (vitesse réduite, puis remise à sa juste rotation), produit par Les Clayton et Sean Lennon, « South and reality » cache derrière cette pochette digne d'Alice aux pays des merveilles, un ensemble de 9 titres qui mêlent rock progressif, et rock alternatif, sans règles prédéfinies. Des lignes harmoniques celtiques, appuyées par la basse  de Clayton. On y trouve les défauts du genre qui régna durant une partie des années 70’s : des passages musicaux parfois trop longs qui puisent par moment leurs sources en extrême orients. 

Sean Lennon & Les Clayton

 Certains titres rappellent Tears for fears, eux même, fils avoués des Beatles, qui apportent la partie pop séduisante qui sauvent ce double album.
« South of reality » mérite qu’on s’y attarde, car plus digeste que les productions du même genre, et qui pourra plaire sans effort aux fans de Pink Floyd, qui voudraient se jeter dans un bain psychédélique contemporain. 





Siouxsie and the Banshees, réédition vinyle de ses 12 titres. C'est l'occasion  de mentionner le design au-dessus de la moyenne de ses pochettes. Et puisque l’iconographie est de retour avec le vinyle, célébrons la réédition le catalogue complet du groupe gothique pour son oeuvre mais aussi ses pochettes toujours de bon goût, dans des styles variés. Le minimalisme  de « Join hands » (1979), aux beaux dégradés de bleus sur tons d’argent de « Peep shows » ; des plus expressionnistes et énigmatiques « The Scream » et « Kaléidoscope », au maniérisme de Gustav Klimt du double live « Nocturne » et « A Kiss in the dreamhouse". On flirte avec le cubisme de "Hyaena", les références tribales de « Juju », jusqu’enfin, les très élégants et féminins « Superstition » et « the Rapture ». Visuellement, le groupe n’a jamais suivi l’âpreté sonore de la plupart de ses disques. Chacun d’eux est un tableau, et bien sûr le prêtresse du gothique post punk, reste une artiste indispensable, malgré une discographie irrégulière.
Pour le plaisir de l'écoute, le blog conseille fortement: "Join hands" (1979), "Kaleidoscope" (1980), "Juju" (1981), "Nocturne" (1983) avec Robert Smith (The Cure) à la guitare, et "Peepshow" (1988).

mardi 1 octobre 2019

Tropicalia WorldMusic 7: No More Heroes

Un tour du monde commence à un certain point « P », dans ce cas-ci, ce point fut la Belgique ma terre qui m’a révélé bien des surprises pour ce « Tropicalia Worldmusic n°7 : No More Heroes », dédiée à la scène contemporaine belge (2). Mais il y aura bien d’autres choses pour les curieux mélomanes. 

 The Stranglers: No More Heroes

Dans ce podcast, on retrouvera : Hugh Cornwell & The Stranglers, The Rolling Stones, Tom Petty, Hall & Oates, Blondie, Ed Motta, Ed Motta & Marisa Monte, Trixie Whithley, Romeo Elvis, The Soul Sisters, Vaya con Dios, Wallace Collection, Machiavel, Jo Lemaire, Won Ton Ton, Stromae, Nacht und nebels, Arno

 

lundi 30 septembre 2019

L’art de la (chanson) couture !




 Il existe quelques rares compositeurs, particulièrement doués dans la "chanson couture". Ou la « chanson puzzle », une technique qui permet de rassembler des petits bouts de chansons trop courts pour être exploités comme une entité. Des brouillons inachevés, laissés dans un tiroir, et qu’ils reprennent un jour, pour les joindre avec d’autres parties écrites ultérieurement, et qui avec un « pont », parviennent à faire de trois ébauches, une seule pièce aboutie. 

Freddy  Mercury,  6 thèmes pour sa "Rhapsodie"

Freddy Mercury (Queen), était très fort à ce petit jeu, et il suffit de citer « Bohemian Rhapsody » pour illustrer cette technique d’assemblage qui peut dans certains cas être brillante. Les musicologues distinguent 6 parties dans la « Rhapsodie » en question. Mercury avait déjà fait ses preuve sur « Liar » du premier album (1973), avant d’atteindre une certaine perfection avec « The March of the Black Queen », une prouesse de l’album « Queen II » (1974). Le même disque comporte une autre composition « morcelée » avec « The Fairy Feller’s Masterstroke/ Nevermore », autre petit chef d’œuvre du genre. L’exercice peut s’avérer dangereux (autrement dit, peu convainquant), quand l’œuvre réunis des ébauches de compositeurs différents. Sur leur troisième album de Queen, « Sheer heart attack » (1974), une succession de trois parties : une écrite par Roger Taylor (« Tenement funster »), suivi de deux de Mercury (« Flick of the Wrist » et « Lily of the valley »), s’enchaînent bien, mais leur succession n’était pas indispensable. Il y aura encore « The Millionnaire waltz » sur « A Day at the race » (1976), et peut être d’autres oeuvres dont les coulisses nous sont inconnues. 

Ce sujet m’est venu à l’idée alors que sort ces jours-ci la version augmentées de « Abbey road » (1969), dont Gilles Martins (le fils du génial Georges) a reçu (comme pour « Sgt Peppers » et le double « White album »), la responsabilité de sortir une version anniversaire qui ne soit pas indigeste. Le talent du fils semble suivre celle du père et ces missions furent  réussies jusqu’à présent. Elle se terminera avec l’album
« Let it be » (1970), que j’aurais bien échangé avec une version augmentée de « Revolver » (1966), qui n’est pas prévue. 


The Beatles en studio, 1968

« Abbey Road », le vrai dernier album des Beatles est connu pour contenir sur sa face B, les « patchworks » les plus géniaux du rock que sont « You never give me your money » de Paul Mc Cartney, construit sur 3 parties ; la suite « Sun King »/ « Mean Mr Musterd »/ « Polythene Pam »/ « She came in through the bathroom window » co-écrite par Paul et John ; et enfin « Golden Slumbers »/ « Carry that weight »/ « The end”, qui porte la marque de Mc Cartney. Ces trois assemblages virtuoses font peut-être de « Abbey Road », le meilleur album des quatre musiciens, que seule la présence de « Octopus’s garden » et « Maxwell’s Silver Hammer » sur la face A, affaibli le  niveau du répertoire. Remplacez ces deux derniers par « Old brown shoe », le chef d’œuvre sous-estimé de George Harrisson, et « The Ballad of John and Yoko », deux chansons inclues dans cette version revisitée, sortis en single à la même époque, et nous avions l’album parfait. 
Mais déjà, alors que les Beatles composent de manière individuelle depuis 1965, l’album « Sgt Peppers » (1967) comporte la fameuse pièce onirique « A Day in the life », sur laquelle Paul vient greffer la partie centrale (celle du réveil matin), avant de revenir au thème principal de John. Un dépannage luxueux ! 



Par la suite Paul Mc Cartney démontrera son intérêt pour ces petits jeux de compositions sur plusieurs thèmes. Sur « Ram » (1971), il crée de la sorte « Uncle Albert/ Amiral Halsey », avant de délivrer un des exemples les plus évidents avec « Band on the Run » (1973). Dans ces exemples, Paul utilise la méthode de manière à apporter un climax que l’auditeur sait qu’il aura droit à un certain moment de la chanson. Et jusqu’au dernier album « Egypt station » (2018), il ne peut s’empêcher de s’adonner à ce jeu comme sur « Despite repeating warning », qui enchaîne clairement 4 thèmes sur 7 minutes, dont l’un n’est pas sans rappeler « Live and let die » (1973), encore une chanson (générique du premier
James Bond avec Roger Moore), fait de plusieurs parties, dont l’instrumentale apocalyptique reste l’apogée de la chanson. De cette même époque Paul compose « Venus and Mars/ Rock show » que le musicien augmente de « Jet », en version  en public. Avec ses lignes vocales entrelacées, Paul aurait pu nous refaire le coup avec « Silly Love song » (1976), mais cela nous aurait privé d’un délicieux exercice de chorale croisée. 
D’autres titres de Paul furent composés en plusieurs parties, mais ce fut la conséquence de titres inachevés, et retravaillés par la suite. 
En conclusion, cette technique me permet de rendre hommage au travail de Gilles Martins, qui dans ses remixages augmentés de quelques versions intéressantes ou inédites, a rendu un travail honorable, sans tomber dans le piège d’en faire, ou d’en donner trop ! 

PS : Cette nouvelle version revisitée d’«Abbey Road » sort ces jours-ci en coffret vinyls, Cd’s, et pour se faire plaisir, remasterisé en picture disc. Pour ceux qui n’aurait pas cet album essentiel déjà sur leur étagère.

dimanche 29 septembre 2019

Margem ferme un triptique d'émotion et d'intelligence




Adriana Calcanhatto aborde margem sans laisser l’auditeur prendre sa respiration et se préparer avec cette bossa aux bruitage moderne de Rafael Rocha, et à la mélodie surprenante. Arrivé sur le tard à Sao Paulo, j’apprend que cet album qui voit la chanteuse nager, ou se noyer au milieu de bidons et détritus serait une combinaison de nouvelles créations, et de titres non inclus sur Maritmo (1998) et Maré (2008) , les deux volets de ce trptique maritime. Une eau salie par l’homme, eternel coupable de dégats naturels que Calcanhotto dénonce. Mais, je n’ai pas envie de m’attarder sur les textes, aussi importants soient-ils, car déjà, Os Ilhéus (Wisnik/ Cicero) et Dessa vez révèle leurs beautés classiques, et je suis fatigué de parler de l’artiste intellectuel, mais pas de celle qui transmet des émotions aux ondes de chocs toujours splendides. Une splendeur qui réhausse la chanson Tua, donné à Bethânia, chantée avec un timbre à la limite de la sensibilité, qui égale la superbe interprétation de la bahianaise. 



On retrouve une chanson étonnement laissée de côté composé par Pericles Cavalcanti, Marés- o principe das marés.. Era pra ser, autre chanson donnée à Bethania en 2016, s’affirme meilleure réhaussée par le son cristallin des guitares portugaises. La surprise qui m’atteint davantage, au-delà de tout (et est-ce dû aux différences d’époques des chansons), ce sont les mélodies qui sonnent comme des classiques du meilleur Robero Carlos et l’inévitable modernité qui habille Ogunté, et la scansion, tel un rap d’un nouveau genre (qui pourrait bien donner des idées à Fernanda Abreu), sans que l’homogéneité du disque soit atteintte. Seul Adriana était capable de ces audaces, en s’imposant sans pudeur. 

Alors, je reste ou je pars. Ou je m’installe à Coimbra parmi les batines noires estudantines. La trilogie restera gravée parmi les œuvres les plus touchantes de la chanteuse. Touchante et, oui, d’accord, d’une intelligence qui n’appartient qu’à elle

Barbara: "Tuda", une évolution toujours séductrice



Toujours séductrice dans ses interprétations, sans une reèlle volonté de se distinguer à tout prix de ses collègues paulistanas, mes deux années loin du Brésil, (dues à une certaine lassitude du « toujours le même son »), ce n’est pas à Barbara Eugênia à qui je l’aurais reprocher. Au contraire, sa carrière reste passionante, toujours proche de l’agitateur culturel Tata Aeroplano. Et Il me reste en mémoire un show au Oi Futuro Ipanema (RJ) marquant, auquel je dois peut être un de mes meilleurs clichés photos. D’ailleurs, ce qui serait avec le recul, un super groupe, Dona Zica qui a vu il y a bien longtemps, se réunir trois des plus doués des artistes féminines de Sao Paulo, avec Barbara, Anélis Assumpçao et Iara Renno, n’était le débuts de ce les jeunes femmes allaient nous prouver, chacune à leur manière. La belle pochette de "Tuda" révèle une sonorité davantage électronique, appuyée par des percussions qui distinguent « Tuda » de la tiédeur de nombreuses productions quelconques (« Querencia » avec Iara Renno ), précédé par un duo funky avec Zeca Baleiro (« Bagunça »), et qui anticipe le délicieux « Por la lua y por tierra », autre duo avec Onda Vaga. Jamais ennuyeux, le seul reproche serait une utilisation abusive de la réverberation qui rend plus robotique la voix de Barbara (peut-être est-ce le but recherché), qu’on a connu plus « humaine » et féminine. Mais rien qui ne rende ‘Tuda’ en deça des productions actuelles. Brillantes promenades des guitaress sur tout l’album, de Tata Aeroplano, du moins, je le devine

vendredi 27 septembre 2019

Simples petites reflexions sur la bossa nova et la samba.


João Gilberto (1931-2019)

 Le décès d’un symbole musical brésilien comme João Gilberto, il y a quelques semaines, n’a pas eu une répercussion, comme on pouvait s’en douter. 
Cela nous amène à réflèchir à ces deux styles, la Bossa Nova et la Samba, associés à Rio de Janeiro, et de se demander pourquoi un des deux styles garde une belle santée (et heureusement !), tandis que l’autre, semble définitivement au musée musicale brésilien, sous une couche de poussière. Et de se demander pourquoi, paradoxalement, hors du Brésil, la Bossa dépasse sa cousine, de manière significative. 

1. La Bossa nova à l’étranger  



 Chet Baker (1929-1988)

-Vu de l’étranger, la Bossa se construit sur des fondations hamoniques américaines, le jazz, même si son rythme de base est la samba, d’origine africaine, sur un rythme plus lent. 
En 1964, la bossa a gagné un statut international aux Etats-Unis, non seulement grâce à Stan Getz, mais d’autres grands noms comme Gerry Mulligan, Bill Evans, des chanteurs commme Ella Fitgerald, Chet Baker, et bien sûr Frank Sinatra. Avec l’aide de grands noms brésiliens com Jobim, João Gilberto, ou Sergio Mendes. Le format « chanson » des bossas, on y reviendra, assimilera le style avec plus de facilité. 

 -La récupération de la bossa par le monde commercial nous l’a rendu commune, et il serait intéréssant d’étudier le mise en condition de chacun, dans une ambiance bossa, cool, de volume peu dérangeant, ce qui lui a valut le qualificatif de musique d’ascensceur. Un climat tout sauf stressant, dans une amérique alors en plein essor économique. On est relax, donc, on consomme. Musicalement, les harmonies du style sont cependant bien plus complexes que celles de la samba. 

 -Les américains, toujours imaginatifs commercialement, ont un temps qualifié, dans les années 60, tout et n’importe quoi de « bossa nova », du frigidaire à la mode, jusqu’à en créer une danse inexistante au Brésil. 

-Depuis la fin des années 60, de nombreux mouvement musicaux ont assimilé la bossa, et continue à le faire. Même l’Angleterre, fut gagnée par la fièvre et des groupe comme The Style council, Everything but the Girl, Sade ou Matt Bianco, ont adopté son esthétisme musicale. 

-D’autres ambiance à la mode, dès les années 80’s, comme la musique Lounge, se mariaient parfaitement à cette recherche de climat (davantage que musicale) 



 Sade Adu, bossa chic....

 -Le mystère demeure mais le marché japonais est immense, et de nombreux artiste bossanoviste brésiliens, y vivent une carrière indépendament de leur patrie. 


-Les DJ’s anglais, qui sont aussi la cause du retour du vinyle, ont par leur curiosité redécouvert des artistes comme Marcos Valle, Joyce Moreno et d’autres, leur donnant une seconde vie. 

 -L’économie de moyen (voix/ guitare), ont facilité l’intégration du style dans les bars, les restaurant, mais encore une fois, davantage en tant que musicien d’ambiance 

 -Malgré tout, certaines chansons comme « A Garota de Ipanema », « Samba do verão », Desafinado », «Maria Ninguém”, et quelques autres ont été de vraie classiques musicalement. 

 -D’autres facteurs ont sans doute encore été à la base de la prédominance de la bossa….À vous de commenter à votre aise… 

 2. Au Brésil, pour des raisons bien différente, la samba a rarement perdu de son énergie. Et c’est facile à expliquer. 

 -Oui, le rythme de la bossa est celle de la samba ralentie, mais ses origines sont bien différentes. D’ africaine, la « semba », est descendu de Salvador de Bahia vers Rio, vers la fin du 19ème siècle, emmenée en voyage par les classes les plus pauvres, jusque dans les Morros cariocas. La samba est donc un style populaire et séculaire. 

 Bossa, née  dans les appartements de Copacabana

 -La bossa nova, par contre, née de la créativité de quelques musiciens inventifs, se créa, comme on le sait, dans les appartement de Copacabana, vers 1958, et était interprétée de manière intimiste pour cette raison. 


-Comme dit plus haut, la bossa est une musique de chansons. Des jeunes gens biens de classe moyenne haute , tandis, que les rodas de samba se chantait à plein poumon, en plein air, bière à la mais, et on leur donnait souvent un « timing » improvisé. 

 -Cela ne signifie pas que le joueur de samba est un musiciens moindre talent, comme le prouve le choro, style plutôt instrumentale qui demande une grande dexterité. Même si de grand sambistas (qui venaient parfois du choro), comme Cartola (photo), Nelson Cavaquinho ou Paulinho da Viola ont créer parmi les plus belle pages de la samba, il s’agit d’une variante non exportée, et la vision du « gringo » se restreint à un rythme frénétique hypnotique, qui caractérisent les sambas-enredo, c’est-à-dire les sambas de concours de carnaval, perçue par les étranger comme pauvre musicalement. São Paulo a connu aussi de grands auteurs de sambas de classiques peu connu hors du Brésil. 

 -Une fois de plus, le mystère reste entier avec les Japonais qui possèdent de nombreuses écoles de sambas. 

-On considère l’âge d’or de la samba entre 1920 et 1930, parfois connu sous forme de « marchinha », dont les textes souvent humoristiques voire coquins, avaient du mal à traverser le frontière à cause de la langue. Les premières écoles de samba naissent à cette époque. 

 -Pour être populaire et festif, tout le monde peut s’improviser musiciens et participer à une « pagode ». 



 Un tambourin, et c'est samba jusqu'à plus d'heure....

Un bidon en métal fera l’affaire,bref, on imagine assez mal une bande de musiciens proposer faire la fête en chantant toute la nuit des bossas novas. 



 -A la suite de certains ou certanes chanteuses de bossa nova, il y a une volonté de faire évoluer le genre. D’abord en se mêlant aux sambistas des favelas (comme Nara Leão) ; ensuite en politisant les textes au début de la dictature de 1964. C’en était finit de l’amour, des sourires et des fleurs, et de son d’indolence. 

 -Enfin, tandis que les piliers de la bossa ne trouvent pas suiveurs, les vagues de nouvelles générations de la samba se succèdent avec talent. De plus, presque chaque état possèdent ses caractéristiques concernant les élément de la samba (rythmes, harmonies, instruments), tandis que la bossa reste un style figé. 

Conclusion : ces quelques remarques ont du sens, mais pourquoi, contrairement au jazz, la bossa est-elle restée frileuse. Nul doute que des historiens comme Cravo Albin, Nelson Motta, Rui Castro, Sergio Cabral et d’autres, ont des points de vue à exposér, et là, je ne me pose plus comme un journaliste, mais comme un curieux de l’histoire de la musique. Le fait que le Brésil soit un pays de fête me paraît bien faible come réponse dans un pays qui possèdent un nombre de virtuoses de musique populaire au -delà de la moyenne, et je ne me satisfait pas de l’éternel dichotomie « musique érudite » et « musique festive ». Que de lumière, de joie, de rythmes, ne trouve-on pas chez Egberto Gismonti, Hamilton de Holanda ou Hermeto Pascoal….