mercredi 21 octobre 2020

Jeff Lynne: domine le sur mesure et évite le kitch et le vulgaire

 

 

        Boris Casoy, comme d'autres "informateurs", l'information va à deux vitesse depuis des    décennies (ph. internet)

 

Ah, ce fameux « journaliste critique artistique ».
Je n’évoque même pas les spécialistes en d’autres matières sérieuses comme la justice ou la politique.
Au Brésil, cela fait des décennies qu’ils ont instauré une méthode bien à eux pour traiter l’information. Les journalistes de renom vous relatent un fait face caméra. A cet instant, c’est la 'nouvelle' objective, le fait sans émotion, bref, ce que le professionnel vous livre droit dans les yeux, sans un tremblement qui trahirait un frisson d’humanité. C’est à cette caméra qui se dresse face à lui, comme cela se passe quotidiennement en Europe de Nord.
Sauf que soudainement, une autre de ces machines qui subtilement s’était approcher à 90° du révélateur des agissements de notre monde - et que personne n’avait soupçonner, excepté le locuteur-, joue un rôle qui détruit les minutes de nouvelles neutres annoncées précédemment. Cette caméra qui semble plus intime que la précédente. Elle est la confidente à qui le maître de cérémonie donne son avis sans fioriture, que son long métier lui accorde, soi-disant, comme crédibilité de trente ou quarante ans de métier.
Vous avez du mal à me suivre ? Imaginez qu’il annonce que le budget de l’éducation du pays de cette année avait été mal évalué, laissant les caisses vides 6 mois plus tôt que prévu. Il fait soudainement un quart de tout vers la caméra complice, avec un regard entendu et une voix qui ne cache pas la suspicion, indiquant au citoyen que c’est ce qui arrive quand les hommes de pouvoir confondent les poches de l’état, et ceux de leur costumes trois pièces. J’avoue que j’ai dû me pincer pour croire cette méthode, il y a bien des années de cela. 

Mais passons. Je déteste ces termes : « Critique artistique ». Vous ne les entendrez jamais sortir de ma bouche (qui est presque aussi sensuelle qu’Elvis quand il arrivait à soulever la lèvre supérieure gauche…je déteste ce gars de Tupelo !). L’expression, « chroniqueur artistique » est bien plus adéquate, tandis que le « journaliste critique », fait exactement le contraire de ce que l’on imagine être le journaliste que l’on imagine impartial et qui de toute façon (tant dans la presse, internet ou la télévision, a du mal à analyser encore la définition de « subjectivité »). 

Les pays du sud, où la personnalité se veut plus émotionnelle, ont du mal à vous livrer un fait, avec un maximum de détails, dans un minimum de temps. Pas le temps à perdre, allons directement au résultat de l’enquête encore non initiée ! On comprendra par contre qu’on ne demandera jamais au « chroniqueur artistique », -oui bon d’accord, le « critique artistique » -, d’être objectif, que du contraire.
Et si un soupçon de polémique se pointe, on fermera les yeux. Conclusion banale : il y a plusieurs journalismes. Oui, je sais, c’est un cliché que j’ai honte de rappeler, mais ce ne sont pas les mêmes métiers. Internet à changer la donne, puisque tout le monde peut se faire un blog et donner son opinion (et il y en a des excellents !), mais si les salaires de ce noble métier à morfler. Je suis confiant quant à son future. La somme de matière artistique étant – oui, toujours le net- incommensurable. On finira par revenir à vous puisque la culture ne vient plus dans votre média audio ou visuel, mais, il est de mise de ne pas être fainéant. Donc, il faut bien quelques guides pour vous indiquer quel chemin vous fera gagner 5 kilomètres. Ou plus simplement, leur nouveau rôle sera de vous diriger dans le sens que vous cherchez. 

Prenons mon exemple. Après tout, je suis le mieux placé pour parler de mon humble expérience. J’ai été engagé dans un magazine de renom à 19 ans. 

Mais que savais-je à 19 ans ? Qu’avais-je écouté ? On me donnait un disque à chroniquer, et heureusement la maison de disque me donnait un dossier pour que rien ne m’échappe. En cela j’étais déjà manipulé. En réalité, je suis de mauvaise fois car j'aurais pu me payer la honte, car mal informé.
Non ! le chemin à suivre est le suivant. On écoute la rondelle, on la situe dans le discographie de l’artiste, on place l’artiste et son importance dans sa niche, on place la niche dans l’ensemble des centaines de genres ou sous genres que la musique populaire nous offre (et qu’il faudrait plutôt bien connaître, donc avoir écoutés), on compare avec son œuvre et celui des autres (et je résume), et alors oui, on peut se risquer à donner un avis peut être personnel mais qui s’appuie sur une crédibilité de milliers d’heures d’écoutes, de lectures, (ou de concerts). Mais à 19 ans…Franchement ! Soyons sérieux !! 

Après 10 ans de musiques anglaises (UK, US), ou de langues française, ont suivi dix ans de passions et d’études sur la MP Brésilienne. Et il y a peu, j’ai dû me rendre à l’évidence que c’est plus ma prose, qui s’était affinée entre 1982 et 1992, que mes connaissances d’outre Albion, quand je parlais de Sister of Mercy, qui voilait des manques impardonnables. Sans parler de notre goût qui s’est affirmé. Et à ce jour, alors que je reviens davantage vers mon continent, ma connaissance de la musique brésilienne est bien supérieure. Pourquoi ? En 1993, j’avais 10 ans de plus, et ce que croyait connaître de mes groupes ou artistes favoris de mon adolescence, soufrait de ce qu'on appelle une certaine expérience du vécu.

Moi, Daniel, formateur d’opinion, qui croyais tout savoir sur The Beatles, Queen, Bowie, Roxy Music, Curtis Mayfield, Motown, Marvin Gaye, et j’en passe, je me suis rendu compte de mes lacunes abyssales. Me basant sur mes expériences, ma passion, mes recherches et les ouvrages que j’avale à dose de 300 pages journalières. Oserais-je dire que j’étais un peu filou ?

 

                               Notre connaissance sur l'oeuvre des Beatles est biaisée à un point inimaginable

 J’apprends encore aujourd’hui sur Paul, John, George et Ringo. Ou même Bowie dont je fus « président » du fan club entre 79 et 82 (à cet instant cette révélation disparaît de votre cervelle !!) 

En résumé, un chroniqueur musical ou artistique doit avoir un background solide, et pour cela, s’il a 30 berges ou 35, c’est un minimum. Et s’il a la chance de posséder des notions musicales, comme des bases d’harmonies, de compositions, de techniques de studio, des « trucs » pour séduire l’amateur le plus pointu, c’est le top !
Et oui, moi aussi, j’ai voulu que les femmes m’arrachent la chemise après avoir rageusement délivrer un riff bestial avec ma Gibson, ma Les Paul, ou ma Rickenbacker (avant de me rendre compte que de plus talentueux seraient devant moi dans la file !). Car non, je ne crois pas à la phrase « je n’ai jamais cru que ce titre serait un succès, ce fut une surprise au-delà de mes espérances ». Il y a moyen de dribler l’écouteur par des séquences d’accords, mille fois utilisés. Demandez à Niles Rogers, Ivan Lins, ou Jeff Lynnes, ou aux orfèvres de riffs, Dave Davies ou Keith Richard. C’est d’ailleurs la seule chose que je peux reprocher à mes collègues, même bien meilleurs que moi. Ils tombent parfois dans ces pièges, comme quand vous versez une larme en assistant à un film romantique américain avec Jennifer Lopez et Nick Nolde (au hasard). Et que même blindé, oui, vous la verserez cette larme! Car la bande sonore vous l’impose, et le producteur rusé l'aura voulu ! Si j’ai évoqué Jeff Lynne, le génial (entre 1974 et 1979) compositeur/ producteur/ chanteurs/ musicien, c’est qu’à cette époque, il a joué avec élégance (et culot) de tous les ingrédients qu’une « Escort girl » musicale pouvait utiliser de plus vulgaire…Sans l’être. Pour cela une recette : aller à fond dans la séduction, sans honte, et ne pas jouer petit bras. Ou vous êtes mort ! Quoi de plus kitch de mélanger Chuck Berry et Beethoven, et cela sur 7 minutes !! Rien que l’idée donne la nausée. 


Dave Davies (The Kinks), précurseur du riff, clef d'un succès quase garanti? (You Really Got me now, All the Day and All of the Night)

Mais Avec Jeff et son look de griffon mouillé, on remet le morceau en cachette, comme on remet « Evil Woman », avec ces trois accords au piano qui ne savent plus se voir en peinture d’avoir été surexploités. Cela passait mal d’aimer Electric Light Orchestra quand on prie à la chapelle de « Seveteen seconds" de Cure », ou que pour s’absoudre de ses pêchés, on écoute trois « Unknown pleasure », et deux « Hong Kong garden », à la chapelle du Marquee (célèbre salle de concert de Londres). 


 Derrière ces poils et ces lunettes, se cache un sorcier de la composition katchy et un producteur solicité: Jeff Lynne

Mais bien sûr, il y avait plus que cela. Jeff Lynne savait utiliser à merveille les compresseurs sur sa voix, qui jonglait les yeux fermés avec des harmonies comme les choeurs de l'Aemée Rouge, utilisait tous les effets techniques pour obtenir une batterie plus lourde que John Bonham (Led Zep), - plus racoleur que « Don’t bring me down », vous connaissez ? - et usait et abusait des riffs trop simples pour être honnêtes ("Showdown", "Do ya", "Ma ma ma belle", et j’en passe). 

Comme le dit l’artiste, ce qui paraît laborieux est voué à l’échec (dans son genre à lui), et ce qui coule de source, demande des heures de recherches dans son sac à malice. Ecoutez « A New world record” (1976), “Out of the blue” (1977), ou “Discovery” (1979). Étudiez et comprenez toutes les accroches, et vous aurez les ingrédients de la recette. John Lennon avait intronisé Jeff Lynne en digne fils des Beatles. Et Paul, autre filou sympa et génial, enchérissait en déclarant, « que voulez-vous, vous entendez un morceau de Jeff, et vous ne pouvez pas lutter…ça fonctionne!" (comme le film américain) ! 


 Combien se serait cassé les dents avec un tel emblème digne des pires groupes discos américain. Pas Jeff Lynne de Birmingham!

En 80, il laisse les cordes et violoncelles, laisse « All over the world » à Olivia Newton John et Amaury Jr, et se fond dans une pop qui devient trop banal. L'effet de surprise ne fonctionne plus. Mais le natif de Birmingham, prend la décision de mettre ses éléments de séduction au profit de ses idoles.

« Zoom », en 2001, est encore un sursaut, mais l’homme a déjà fait son œuvre. Seul Jobim, Lennon-McCartney, Stevie Wonder, Miles Davies ou Bowie pouvaient ne pas avoir recourt à ces pièges malicieux, auxquels on s’attend, en y accolant une recherche artistique ou cérébrale…Mais bon, c’est je parle d’extraterrestres. Quoi que…
En bon égocentrique, Bowie se plagiait lui-même, et Mc Cartney restera le druide qui ressuscitera quand l’heure aura sonnée de fermer le tombeau. Personne n’a parlé de son dernier album « Egypt Station », un des meilleurs albums pop de 2019.


En revisitant l’œuvre d’Electric Light Orchestra, je me suis mis à écouter aussi The Traveling Wilburys, ce super groupe né d'un cannular (Dylan, Orbinson, Petty, Harrisson), qui accouche de  « Handle me with care », le seul bon morceau qui vaut le détour au milieu d'un album est franchement moyen, si l’on excepte la voie divine de Roy Orbinson. Il produit Cliff Richart et d'autres, s'installe à Los Angeless, se paye le luxe de sortir un double album de ses anciens succès qu'il réanregistre entièrement seul, sort encore deux albums où il se contente du minimum syndical: "Alone in the World "(2012) et "Out of Nowhere" (2019), toujours seul, sous le nom de Jeff Lynne’s Elo. Deux disques loué par la critique malgré des mélodies indignes de ce que le compositeur avait créer autrefois. Mais je suis sûr que l’artiste le sait. 

Depuis, il se présente dans des endroit bucolique comme Central Park ou Wembley à Londres avec 70.000 spectateurs en 2018 et 2019, et il aurait pu remettre cela les jours suivants. Le pire c’est que le bonhomme est d’une simplicité, et d’une candeur touchante, quand il rencontre George Harrison, un des « fab » qu’il produira pour « Cloud nine » (1989), son meilleur album avec « All Thing must past » (71). Et il ne feint pas d’être ému, et réagit comme un fan aux yeux plein d’étoiles, quand il sauve sauve George de la dérive, Tom Petty d’années d’insuccès, fait revivre (là on ne se plaindra pas) Roy Orbinson, et impose sa production à Mc Cartney connut pour virer ses producteurs car on ne refuse pas les desiderata du plus talentueux des Beatles. Derrière ses lunettes, Jeff possède la malice de celui qui impose ses idées, en faisant croire qu'elles sont celles de son protégé du moment. Mais comme son travail est irréprochable...Ce gars est bon, doué, humain et intelligent.

 

The Beatles revive grâce à Jeff qui remixe "Free as a bird" et Real Love" pour le projet "Anthology" dans les années 90's

 Jeff Lynne est un grand !! « You’re good », dirait De Niro, et lui qui affectionne les heures passées en studios, je sais qu’il se donnait la peine de s’appliquer, il serait encore capable de nous sortir un disque coloré qui est son monde, celui où l’on voudrait vivre, que l’on aime chanter, car, lui-même avoue qu’il a du mal à décrire des situations dramatiques. Mc Cartney a été pendu haut et court pour « Silly Love Song », mais Paul qui avait raison. Jeff nous fait une aguicheuse sexy irrésistible (genre Rita Hayworth puissance dix), en nous disant qu’il fait beau, que aucun nuage n’apparait à l’horizon, et c’est « Mr Blue Skye », « Monsieur beau temps qui devra laisser sa place à la nuit avant de revenir »…Ben oui, c’est tout !….


 "Ce gars était à deux doigts de me piquer mon trône de la chanson pop contagieuse" semble dire Paul Mc Cartney

Que dire après ça. C’est une vie qu’on ne veut pas perdre (« Living thing »), quand celle qui hante votre esprit (« Can’t get it out of my head »), apporte a peu d’amour à votre vie (« Shine a little love for my life »). Et puis il l’a affirmé il va y avoir une grande fête dans le monde entier….I just heard there's gonna be a party all over the world !!! Allez Jeff, t’es pas tout seul, et si tu as la santé, ils seront encore de nombreuses fois 70.000 fans où que tu fasses se rencontrer Ludwig Van Beethoven et Chuck Berry !

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