vendredi 27 septembre 2019

Simples petites reflexions sur la bossa nova et la samba.


João Gilberto (1931-2019)

 Le décès d’un symbole musical brésilien comme João Gilberto, il y a quelques semaines, n’a pas eu une répercussion, comme on pouvait s’en douter. 
Cela nous amène à réflèchir à ces deux styles, la Bossa Nova et la Samba, associés à Rio de Janeiro, et de se demander pourquoi un des deux styles garde une belle santée (et heureusement !), tandis que l’autre, semble définitivement au musée musicale brésilien, sous une couche de poussière. Et de se demander pourquoi, paradoxalement, hors du Brésil, la Bossa dépasse sa cousine, de manière significative. 

1. La Bossa nova à l’étranger  



 Chet Baker (1929-1988)

-Vu de l’étranger, la Bossa se construit sur des fondations hamoniques américaines, le jazz, même si son rythme de base est la samba, d’origine africaine, sur un rythme plus lent. 
En 1964, la bossa a gagné un statut international aux Etats-Unis, non seulement grâce à Stan Getz, mais d’autres grands noms comme Gerry Mulligan, Bill Evans, des chanteurs commme Ella Fitgerald, Chet Baker, et bien sûr Frank Sinatra. Avec l’aide de grands noms brésiliens com Jobim, João Gilberto, ou Sergio Mendes. Le format « chanson » des bossas, on y reviendra, assimilera le style avec plus de facilité. 

 -La récupération de la bossa par le monde commercial nous l’a rendu commune, et il serait intéréssant d’étudier le mise en condition de chacun, dans une ambiance bossa, cool, de volume peu dérangeant, ce qui lui a valut le qualificatif de musique d’ascensceur. Un climat tout sauf stressant, dans une amérique alors en plein essor économique. On est relax, donc, on consomme. Musicalement, les harmonies du style sont cependant bien plus complexes que celles de la samba. 

 -Les américains, toujours imaginatifs commercialement, ont un temps qualifié, dans les années 60, tout et n’importe quoi de « bossa nova », du frigidaire à la mode, jusqu’à en créer une danse inexistante au Brésil. 

-Depuis la fin des années 60, de nombreux mouvement musicaux ont assimilé la bossa, et continue à le faire. Même l’Angleterre, fut gagnée par la fièvre et des groupe comme The Style council, Everything but the Girl, Sade ou Matt Bianco, ont adopté son esthétisme musicale. 

-D’autres ambiance à la mode, dès les années 80’s, comme la musique Lounge, se mariaient parfaitement à cette recherche de climat (davantage que musicale) 



 Sade Adu, bossa chic....

 -Le mystère demeure mais le marché japonais est immense, et de nombreux artiste bossanoviste brésiliens, y vivent une carrière indépendament de leur patrie. 


-Les DJ’s anglais, qui sont aussi la cause du retour du vinyle, ont par leur curiosité redécouvert des artistes comme Marcos Valle, Joyce Moreno et d’autres, leur donnant une seconde vie. 

 -L’économie de moyen (voix/ guitare), ont facilité l’intégration du style dans les bars, les restaurant, mais encore une fois, davantage en tant que musicien d’ambiance 

 -Malgré tout, certaines chansons comme « A Garota de Ipanema », « Samba do verão », Desafinado », «Maria Ninguém”, et quelques autres ont été de vraie classiques musicalement. 

 -D’autres facteurs ont sans doute encore été à la base de la prédominance de la bossa….À vous de commenter à votre aise… 

 2. Au Brésil, pour des raisons bien différente, la samba a rarement perdu de son énergie. Et c’est facile à expliquer. 

 -Oui, le rythme de la bossa est celle de la samba ralentie, mais ses origines sont bien différentes. D’ africaine, la « semba », est descendu de Salvador de Bahia vers Rio, vers la fin du 19ème siècle, emmenée en voyage par les classes les plus pauvres, jusque dans les Morros cariocas. La samba est donc un style populaire et séculaire. 

 Bossa, née  dans les appartements de Copacabana

 -La bossa nova, par contre, née de la créativité de quelques musiciens inventifs, se créa, comme on le sait, dans les appartement de Copacabana, vers 1958, et était interprétée de manière intimiste pour cette raison. 


-Comme dit plus haut, la bossa est une musique de chansons. Des jeunes gens biens de classe moyenne haute , tandis, que les rodas de samba se chantait à plein poumon, en plein air, bière à la mais, et on leur donnait souvent un « timing » improvisé. 

 -Cela ne signifie pas que le joueur de samba est un musiciens moindre talent, comme le prouve le choro, style plutôt instrumentale qui demande une grande dexterité. Même si de grand sambistas (qui venaient parfois du choro), comme Cartola (photo), Nelson Cavaquinho ou Paulinho da Viola ont créer parmi les plus belle pages de la samba, il s’agit d’une variante non exportée, et la vision du « gringo » se restreint à un rythme frénétique hypnotique, qui caractérisent les sambas-enredo, c’est-à-dire les sambas de concours de carnaval, perçue par les étranger comme pauvre musicalement. São Paulo a connu aussi de grands auteurs de sambas de classiques peu connu hors du Brésil. 

 -Une fois de plus, le mystère reste entier avec les Japonais qui possèdent de nombreuses écoles de sambas. 

-On considère l’âge d’or de la samba entre 1920 et 1930, parfois connu sous forme de « marchinha », dont les textes souvent humoristiques voire coquins, avaient du mal à traverser le frontière à cause de la langue. Les premières écoles de samba naissent à cette époque. 

 -Pour être populaire et festif, tout le monde peut s’improviser musiciens et participer à une « pagode ». 



 Un tambourin, et c'est samba jusqu'à plus d'heure....

Un bidon en métal fera l’affaire,bref, on imagine assez mal une bande de musiciens proposer faire la fête en chantant toute la nuit des bossas novas. 



 -A la suite de certains ou certanes chanteuses de bossa nova, il y a une volonté de faire évoluer le genre. D’abord en se mêlant aux sambistas des favelas (comme Nara Leão) ; ensuite en politisant les textes au début de la dictature de 1964. C’en était finit de l’amour, des sourires et des fleurs, et de son d’indolence. 

 -Enfin, tandis que les piliers de la bossa ne trouvent pas suiveurs, les vagues de nouvelles générations de la samba se succèdent avec talent. De plus, presque chaque état possèdent ses caractéristiques concernant les élément de la samba (rythmes, harmonies, instruments), tandis que la bossa reste un style figé. 

Conclusion : ces quelques remarques ont du sens, mais pourquoi, contrairement au jazz, la bossa est-elle restée frileuse. Nul doute que des historiens comme Cravo Albin, Nelson Motta, Rui Castro, Sergio Cabral et d’autres, ont des points de vue à exposér, et là, je ne me pose plus comme un journaliste, mais comme un curieux de l’histoire de la musique. Le fait que le Brésil soit un pays de fête me paraît bien faible come réponse dans un pays qui possèdent un nombre de virtuoses de musique populaire au -delà de la moyenne, et je ne me satisfait pas de l’éternel dichotomie « musique érudite » et « musique festive ». Que de lumière, de joie, de rythmes, ne trouve-on pas chez Egberto Gismonti, Hamilton de Holanda ou Hermeto Pascoal….

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire