mercredi 9 octobre 2019

Une petite réflexion suite au post précédent…



 "Box set  vinyle", The Cure, 40 ans

Pour faire concurrence aux vinyles d’époque, et pour tenter d’augmenter le pourcentage de vente de l’ancien médium et donner une suite à l’actuel engouement du LP, un produit assez peu répandu par le passé, le « box set », objet luxueux qui peut rendre hommage à un disque qui a marqué l’histoire de la musique populaire (augmenté de versions diverses et inconnues), ou tout simplement la discographie complète d’un groupe ou d’un artiste, s’est considérablement multiplié. Le « box set vinyle » a une autre allure que le coffret CD. Et puis, il permet parfois de retrouver ces grandes galettes que nous avons vendu pour presque rien au profit du Cd’s, au début des années 80’s, persuadés que l’évolution technique était irréversible. 
C’était oublier que l’homme n’est pas toujours à la recherche de la dernière innovation, mais qu’il peut exister un lien affectif d’une autre sorte, encré en nous. Un exemple me vient en tête, même s’il nous écarte du monde musical. 

 Paire de fauteuils, Philippe Starck, années 80's

En Europe, vers 1985, il y eut une vague de design et de décoration d’appartement très techno, comme celle proposée par le Suisse Philippe Starck. La décoration était assez minimaliste, dominé par le noir et le blanc qui recouvraient des meubles aux formes peu sensuelles, à l’aspect impersonnel, aux angles marqués, mais ou la courbe était discrète. Les murs faisaient place aux tableaux abstraits, la plupart du temps. Une déshumanisation, dont votre humble journaliste a succombé, par goût, mais sentant rapidement une sorte de manque, et ses limites. Quelques années plus tard, dans un monde ou la chaleur humaine connaissait lui aussi un refroidissement climatique continu, on assista à un regain des meubles en bois rustique, ornée parfois de fausses patines créées sur l’instant, tandis que la lumière et la couleur reprirent le dessus. 

 Meuble "campagne rustique"



Nous avons besoin aussi que les objets nous transmettent un confort, car après tout, nous vivons dans ces décors, et la vie n’est pas un film qui se passe en 3025. Ce minimalisme et cette froideur, synonyme de « branchitude » et du goût pour l’alternatif (la principale raison), touchait aussi bien la mode et d’autres domaines. 



 Type  d'appartement en vogue en Europe vers 1985

Ayant travaillé en galerie à cette époque, le conceptualisme, le minimalisme, et autres arts cérébraux étaient les œuvres à posséder. Mais vers 1989, les grandes salles de ventes d’art mondiales assistèrent au retour du collectionneur vers la peinture traditionnelle, l’impressionnisme, le fauvisme, l’expressionisme, rendant à l’humain, une place qu’il n’avait voulu quitter que le temps d’une expérience. En cela, pour revenir au post précédant, c’est presque par hasard, en réécoutant les 12 albums de Siouxsie and the Banshees, que je me rendis compte que chaque album était orné d’une pochette pleine de vie, au design soigné, souvent de couleurs vives, presqu’un paradoxe pour une musique sombre, souvent monocorde, qui aurait combiné avec des couvertures aussi lugubres que celle d’un autre grand groupe gothique, Bauhaus

                                                          "The Sky's gone out", Bauhaus



Siouxsie and the Banshees avaient réussi à unir ambiance glaciale avec chaleur de ses belles pochettes, sans que personne ne commenta ce paradoxe. Enfin, toujours par rapport au post précédent, la superbe pochette de « Claypool Lennon Delirium », sur double vinyle rose, n’en fait pas un disque supérieur par sa belle conception iconographique. Même si inconsciemment, l’emballage nous influence qu’on le veuille ou non. Ne nous leurrons pas, la musique aura toujours le dernier mot. Et qui dit que le rituel qui entoure le vinyle, ne connaîtra pas un essoufflement. Je ne pense pas qu’il disparaîtra, mais penser que le MP3 lui laissera la place n’est qu’une douce illusion. Le digital le surpassera encore de loin pour des raisons économiques, même si la vente de la musique décroit dans son ensemble.


Quant au CD, il n’est pas dit qu’il disparaisse, même si sa vente s’écroule. Il n’y a pas de raison qu’il n’ait pas sa place, et chaque tribut la sienne. Et qui sait, nous sommes loin d’imaginer le paysage de l’écoute musicale d’ici 5 ans.

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