samedi 19 octobre 2019

"Bohemian Rhapsody" et "Rocket man", des biopics qui en font naître d'autres




La biographie de Freddy Mercury portée à l’écran du très raisonnable film « Bohemian Rhapsody » fut-il un déclencheur? Toujours est-il que les biopics musicaux sont en vogue ces derniers mois : Judie Garland, David Bowie (en négociation), Elvis Presley, et d’autres en cours de tournage à cet instant. C’est une question de goût personnel, mais j’ai rarement été positivement surpris par le genre  cinématographique. 
Ayant assisté à « Bohemian Rhapsody », il y a quelques mois, j’ai attendu d’assister à « Rocket man », la biographie romancée d’Elton John, supervisée par ce dernier, pour comparer deux angles de vue du même style cinématographique. Et de fait, nous sommes en présence de deux approches d’histoires de vies, diamétralement opposés. 


 Rami Malek et Gwlym Lee, Mercury et May à l'écran

Dans les deux biographies, pour les puristes, les erreurs sont légions, mais c’est là le moindre des soucis. Après tout, pour l’un comme pour l’autre, il s’agit de films grand public pour lesquels le fait de savoir si les chansons sont interprétées à la bonne époque n’a que peu d’importance. Il y a cependant une différence notoire, le fait que « Rocket man » fut réalisé du vivant d’Elton John, de surcroit sous sa direction  officieuse, tandis que « Bohemian Rhapsody » fut conçu 17 ans après le décès de Mercury, sous l’œil intransigeant de Brian May et de Roger Taylor, respectivement guitariste et batteur de Queen. Jusque-là, rien ne peut influer sur la qualité du film. 

Brian May et Roger Taylor, les vrais, entourent Rami Malek


J’avoue que la prestation de l’acteur Rami Malek dans le rôle de Freddy Mercury a le mérite d’être d’une certaine retenue, et même si le personnage ne possède pas le charisme du mythique chanteur de Queen, la performance réside dans sa gestuelle sur scène, impressionnante lors du fameux « Live Aid », qui s’impose comme le temps fort d’un film qui ne cherche pas à dépasser un style plutôt réaliste, axée principalement sur les relations importantes que le compositeur entretint le long de sa vie avec des personnages qui compteront pour lui. Les musiciens acteurs ont également suivi à la lettre les conseils de May et Taylor, le bassiste John Deacon, n’ayant pas participé à l’élaboration du film. 
Bref, en résumé, pour un public qui n’est pas sensé connaître la vie du groupe, le réalisateur Bryan Singer a réussi à rendre une biographie humaine, sans aborder une approche trop pointue. 


 Scène du film lors du "Live Aid"

Si « Bohemian Rhapsodie » se termine en 1985, avant la maladie de Mercury, le réalisateur évite les inévitables scènes de pathos qu’auraient occasionnées la dernière ligne droite du chanteur touché par le sida. Il a préféré terminer le biopic lors de ces 20 minutes à Wembley, qui furent d’une importance cruciale pour le groupe qui commençait à se désintégrer. Il aura fallu ces 5 chansons (visibles sur YouTube) pour cimenter à nouveau les relations des musiciens, et prolonger la vie du groupe jusqu’au décès du chanteurs en 1992. 



« Rocket man », le biopic d’Elton John du réalisateur Dexter Fletcher se situe dans une autre catégorie. Si « Bohemian Rhapsody » se focalisait davantage sur les liens humains qu’entretenait Mercury dans sa vie privée, la biographie d’Elton insiste (Taron Egerton à l’écran) sur la difficulté relationnelle avec sa famille, dès sa jeunesse, mais relate surtout la dizaine d’années où le chanteur avait perdu le contrôle de sa vie, perdu dans une solitude, et se noyant dans toutes sortes de substances destructrices dont il parvint à se sortir. 



 Taron Egerton, ou Elton John dans ses périodes d'excès

Une victoire qui est symbolisé par la parodie du clip de « I’m still standing », période de renaissance du compositeur. De fait, la partie musicale de la vie d’Elton passe au second plan, et les chansons qui forment la bande sonore s’appuient sur la période 1972-1975, quand 5% du marché du disque fonctionnait grâce au compositeur de « Your song », composé avec Bernie Taubkin, très présent dans le film. 
Pour son autobiographie porté à l'écran, Elton John à choisi la formule de la comédie musicale, avec sa dose volontaire de surréalisme, mêlant hallucination et réalité, selon le vœu du chanteur. Les acteurs peuvent se mettre chanter à chaque instant, qui s'adapte plutôt bien à l'expression cinématographique, plus glamour mais sans concession. Cependant, en passant du thème relationnel, à sa lutte  avec ses démons  de manière répetitive, reléguant l'aspect musical au second plan, le scénario s'épuise au deux tiers du film. Et de fait, c’est ce que le spectateur ressent, suite à un manque de repère dans le temps, et on finit par assiter à une thérapie  que l'artiste tient à mettre au point tant au niveau familiale, qu'à sa lutte pour sortir de ses excès.  

 Elton John et son compagnon à Cannes, présentation de "Rocket Man"

Le film s'achève sur un« happy end » - véritable, ceci dit - à la clef, alors qu'Elton retrouve la conscience de son talent et le chemin de sa vie grâce à une abstinence encore suivie de nos jours. Cette  victoire apparaît cruciale pour l'artiste, comme il aime à le rappeler lors de chaque concert actuel, comme celui que j’avais pu voir à Lille (France), il y a peu.

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