mercredi 28 août 2019

Le punk délimite les styles, sans plus (3)


                                  "The Idiot", Iggy Pop, avec la participation de Bowie, Eno, Visconti

Deux petites réflexions concernant le punk et cette année de 1977, qui, en soit, est une année symbole quand on parle de musique populaire. Les Sex Pistols, et même les groupes qui suivirent, reniaient avec force ce qu’ils faisaient renaître sans le vouloir. Une belle contradiction ! En tant que musiciens primaires, mettant fin au rock progressif virtuose mais nombriliste, ils revenaient à une période plus ancienne encore, celle du rock’n’roll d’un Chuck Berry, qui pourtant était une des cibles à détruire (Rotten fit une parodie de Chuck, qui aurait pu passer si elle fut drôle, mais « humour » et « punk attitude » n’ont jamais croisé le même chemin). Les punks voulaient être « l’année zéro » de la musique, mais ils ne faisaient que revenir au bon vieux rock, sauf que mal joué, et peu excitant. 

                                      Robert Fripp, Brian Eno, Bowie à Berlin, entegistrement de "Heroes"

C’était aussi faire preuve de méconnaissance totale de ce qui se passait cette même année. 1977 fut celle de quatre albums enregistrés sur le continent européens, et qui formeront la base de la musique post punk jusqu’à aujourd’hui, Ces disques furent la création de quelques artistes d’exception en un temps record : David Bowie, Brian Eno, Iggy Pop, sans oublier le producteur Tony Visconti. La sortie en une seule année de « Low », « Heroes », « The Idiot », et « Lust for life », furent d’une importance encore trop sous-estimée de nos jours, mais dont les groupes New Wave avaient saisi l’apport essentiel. Ils furent une clef de voûte dans l’histoire de la musique, qu’elle soit érudite ou populaire. Ces albums devaient aux génies des artistes cités, mais aussi à la vague allemande « Krautrock » mené par Kraftwerk (photo ci dessous) et Neu!, vers 1974, groupes qui eux même influencèrent Bowie et Eno avec une esthétique réellement nouvelle. 

Ces allemands de Dusseldorf jouèrent un rôle capital jusqu’à aujourd’hui. Enfin, ne soyons pas radicaux envers les Pistols. Il faut dégager parmi eux, un artiste intellectuellement au-dessus du lot, Johnny Rotten, le chanteur, qui lui-même, dans une émission de radio lui étant consacré, demanda carte blanche quant à la programmation. Ceux qui s’attendaient à d’autres groupes du mouvement punk, eurent droit à du jazz, du reggae, de la soul, bref, à des styles que Malcolm Mc Laren, son mentor, ne s’attendait pas à entendre.
Rotten savait très bien que son groupe étaient artificiellement créé. C’était le début de la fin des Pistols, et, par la suite, son chanteur commença à insulter le public venu voir le groupe en criant : « Comment pouvez-vous payer pour nous voir ? Vous êtes tombés dans le piège, bande de mouton sans cervelle ! ». Mc Laren vira Rotten, et mis à la tête des Pistols, Sid Vicious, ce gamin dont les neurones étaint grillés suite à ses abus de drogues, et qui entretemps, avait tué sa copine dans un excès qui le mena plus tard vers l’overdose fatal. Ainsi finit la vie d’un gamin qui n’avait rien entreprit, perdu dans un tourbillon de violence et de substances mortelles, et dont le seul fait de gloire, sans qu’il le sache, serait d’orné durant des décennies des T-shirt en tant que personnage culte, symbole de la contre-culture et de l’antisocial. 

                                                           Le géniel bassiste Jah Wobble

Johnny Rotten, redevint John Lydon, qui embarqua le bassiste Jah Wobble (excellent artiste jusqu’à aujourd’hui) et les compères s’envolèrent vers la Jamaïque avec Keith Levene, un guitariste, où ils formèrent Public Image Limited, un groupe post punk essentiel, dominé par la basse dub reggae de Wobble, des mixtures de bruits nerveux, de rock progressiste ( !) et les improvisations toujours stridentes de Lydon, mais avec un guitariste de tradition plus classique et plus talentueux

                                          PiL (Public Image Limited): Levene, Wobble, Lydon 


                               Le triple album 10 " dans sa boîte en métal, the "Tin can Box", de Pil (1980)

En résumé si le punk n’a rien inventé, il fut tel une plaque de signalisation routière indiquant où s’arrêtait le rock progressif de Genesis ou Pink Floyd, et où commenceraient le déferlante post punk, bien plus riche et inventive. On se rendra compte, qu’en fait, comme d’autres mouvements musicaux, que le punk existera davantage dans les années qui suivirent, jusqu’à aujourd’hui, et que, entre autres exemples, le grunge de Nirvana, lui doit un héritage évident. Sa fin, qui correspond presque à son début, aura comme conséquence le début d’une période de quelques années de sonorités nouvelles, et de nombreuses tendances musicales entre 1978 et 1984, qu’elles soient artistiques ou commerciales. Le dernier post à venir nous rappellera les plus importants, mais déjà le punk en Angleterre, ne sera plus qu’un souvenir visuel, car il ne fut jamais musical.(à suivre)


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