mardi 29 août 2017

La discothèque idéale: Joe Jackson-"Night & Day"





Joe Jackson devrait être au-delà de n’importe quelle opinion de critiques musicales. 
Et ceci, même si son œuvre, jusqu’à présent, n’est pas exempt de faiblesses, loin sans faut. Personnage intelligent, pianiste virtuose, Il parvint à se glisser parmi la scène punk (qu’il ne fut jamais), avec deux des meilleurs albums de 1979 («Look sharp » et « I’m the man »), bourré d’énergie contagieuse, mais aussi, avec, çà et là, des mélodies touchantes (Different for girls, Is she really going out with him ?, Fools in Love) ; un artiste qui, sentant les limites du genre (« Beat Crazy » -1980-), effectue un virage à 180 degrés avec l’irrésistible « Jumping jive », conçu autour de sa passion pour le jazz et les Bigs bands. 



Le Jazz de « Jumping Jive » (des covers) en dérouta plus d’un, avant d’entamer son album définitif, « Night & Day » (1982), un disque sans guitare, mais dominé par les percussions latines et le piano (cosmopolite comme peut l’être New York, où Joe habitait alors), et un album qui l’emmena en tournée mondiale et que j’ai eu la chance de voir à Mechelen, petite ville à 30 kilomètres de Bruxelles, et qui reste à ce jour un de mes meilleurs souvenirs musicales. 








Joe Jackson lancera encore deux chefs d’œuvre, « Body and Soul » (1984) dont la pochette se réfère au design de celles des jazzmen de la fin des années 50 (certains se souviendront peut-être de You can get what you want -till you get what you want, Be my number two, Happy ending), et enfin « Big World » (1986) un tour du monde musical enregistré en une prise, devant un public volontairement silencieux pour les besoins de l’enregistrement. 

Petit à petit Jackson se met à composer pour le cinéma, et ressent le besoin de sortir du format de la chanson, pour se rapprocher du classique. Il avait étudié le solfège, les harmonies et joué dans de nombreuses formations instrumentales avant ses excellent premiers albums new wave de 1979. Il enregistre encore cependant « Blaze of Glory » (1989), bon album, très varié et audacieux, ainsi que « Laughter of lust » (1991). Il se lance durant les années 90 vers ce qui l’attirait irrésistiblement, la musique plus érudite. Ce qui ne l’empêche pas d’interpréter quelques pièces sur « Night music », et terminera le siècle avec « Symphony n° 1 », qui recevra de nombreuses récompenses. 



Le millénaire nouveau en est à son aurore, et Joe Jackson ressent le besoin de revenir vers le format pop, et de rejouer sur scène avec ses anciens musiciens.
Après une suite plutôt sombre de « Night and Day II », il se présente avec Graham Maby et Gary Burke, sa fidèle section rythmique pour un concert à New York, « Summer in the city », qui ne sera divulguer que bien plus tard. Cet excellent concert se base sur son ancien catalogue et des reprises qui lui tiennent à cœur. Le résultat est réjouissant, et va jusqu’à nous proposer des titres de Duke Ellington, des Beatles (Eleanor Rigby) ou Donald Fagen. Le trio se passe de guitare et le piano de Jackson couvre toutes les parties mélodiques. Scary Monsters et Life on Mars ? de Bowie figurent aussi à son répertoire. 





Le reste de la discographie de Joe est plutôt peu commune. Elle se divise entre de nombreux albums en public dans la même formule que « Summer in the city », et des albums entièrement nouveaux. Il revient au rock dans « Volume 4 », « Rain » ou le dernier « Fast Forward » (2015), sans oublier le superbe « The Duke » (2012), dédié à Duke Ellington, reçu tièdement par la critique, comme l’avait été « Jumping Jive ».
Mais  celle-ci n’a jamais été fan des artistes insaisissables, dès lors… L’âge de l’artiste n’éteint son sens du swing, mais, même si cet humble texte a pour but de rendre hommage à un artiste d’exception, la critique à sa place, et je regrette la production musicale des derniers albums studios, trop lisse à mon goût. Mais Joe Jackson (auteur également de plusieurs livres, voir site de l'artiste) sera à jamais un artiste anglais (humour inclus !) à compter parmi les 10 plus grands, issu d’une vague dont il ne faisait pas vraiment partie en 1979…

Tout cela est à découvrir sur les plateformes d’écoute bien entendu...
 Discographie studio choisie par votre humble serviteur : 



« Look sharp » (1979) « I’m the Man » (1979) “Jumping Jive” (1981) “Night and Day”(1982) “Body and soul”(1984) “Big World” (1986) “Blaze of glory” (1989) >“Vol 4” (2004) “The Duke” (2012)










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