lundi 13 mars 2017

Quand deux artistes qui décident de votre vie décèdent...


                                     Ma première couverture, due à la sortie de "Purple Rain" de Prince


Ce post fut écrit en décembre 2016, pour ce qui devait être le premier de ce blog. De là, son ton plus personnel. Diverses raisons me le font publier seulement aujourd’hui, mais son contenu ne demande que peu d’adaptations trois mois plus tard…. 

       George Martins, qui après l'interview, eut l'élégance de m'envoyer cette photo dédicacée (1987)


« Après la disparition de noms qui n’ont rien d’anecdotiques, liés à la musique brésilienne et mondiale, comme « le 5ème Beatles », George Martins -1926/ 2016- (dont j’avais fait une interview en 1987), le grand percussionniste Naná Vasconcelos (1944-1916) ; le journaliste et concepteur de programme télévisuel, Fernando Faro - photo ci-contre- (1927-2016) – dont les programmes innovants « Ensaio » sont d’une importance essentielle pour la musique populaire brésilienne. Après la mort de Billy Paul (1934-2016) qui, en 1972, avait repris de manière magistrale Your song (Elton John/ Bernie Taupin) en face B, du single Me and Mrs Jones, le fait de gloire du "Philly soul singer », 2016 gardera un goût amère dans nos mémoire. Et comme pour nous infliger le coup grâce, le distinct, paré d’un humour remarquable, nous enlève encore George Michael (1963-2016), le 25 décembre, le jour de noël qu’il avait évoqué dans son plus grand succès avec Wham, Last Chistmas (1984). 

                                                                         Naná Vasconcelos

                                                                        Billy Paul
                                                                  George Michael


Nous ne sommes pas sûr que 2016 fut pire quand au nombre d’artistes qui nous ont quitté, mais nous penserons plus à l’importance des noms qu’à la quantité. Pour ouvrir la dance macabre de 2016, le 8 janvier, David Bowie (69 ans) disparaissait, tandis que le 21 avril, Prince (57) le suivait d’une manière tout aussi inattendue. Ces deux artistes nous laissaient un héritage musical considérable, le premier associé aux années 70’s, le second, la décennie suivante. Qu'on les apprécie ou pas, on a dû faire de la place pour installer ces deux artistes aux premières loges du Panthéon de la musique populaire mondiale, aux côtés d'Elvis (1935-1977), Sinatra (1915-1998), The Beatles (mort en tant que groupe en 1970), The Rolling Stones (dont l'aport musical est déjà longuement passée), Michael Jackson (1958-2009), Marvin Gaye (1939-1983), Jim Morrisson (1943-1971), Lou Reed (1942-2013), Gershwin (1898-1937), Stevie Wonder (toujours vivant mais dont le dernier grand disque, « Hotter than July », date de 1980), Antônio Carlos Jobim (1927-1994) et quelques autres, pour rester dans un axe qui nous concerne ici, entre musique anglophone et brésilienne. Le compositeur de Life on mars ? et de « Heroes » fut à la base de divers mouvements musicaux par la suite, tandis que l’homme de Minneapolis, vêtu de mauve, a emmené la soul et le funk américain vers des chemins inexplorés, avec créativités et provocations. 

      Article écrit lors du passage de Bowie à Bruxelles en 1983, sous la signature de Daniel Ash....


Entre ces deux décennies - 70 et 80 - j’entrais professionnellement dans le journalisme, engagé par le « Télémoustique » en Belgique, et son cahier musical qui, alors, était une référence dans mon plat pays, mais reconnu aussi en Angleterre, car le public belge était réputé (et l'est encore) pour être un bon paramètre de jugement.
Les jeunes belges ont toujours été branchés sur ce qui se passe outre manche et outre atlantique, et vous seriez étonnés de connaître les archives de la télévision nationale (RTB/ BRT), concernant le rock mondial. Des concerts de Jimmy Hendrix, et des apparitions en studio, à titre promotionnel, de grands groupes. Pour la revue, je signais « Daniel Ash », pour aider les correcteurs (pas d’internet à mes débuts !), avant d'apprendre, peu après, que c'était le nom du guitariste de l’excellent groupe new wave "post punk", Bauhaus. C'était vers 1983, huit ans avant de me plonger dans les musiques brésiliennes. Et si je me permet cette tranche de vie personnelle, en pensant aux décès de ces deux figures emblématiques, c’est que tant Bowie que Prince eurent une importance cruciale dans mon propre travail, que j’officie encore aujourd’hui. Ce sera pourtant un troisième compositeur qui me fit faire mes valises au Brésil, Antônio Carlos Jobim. 



En 1983, après le décès du journaliste rock, réputé en Belgique et en Angleterre, Bert Bertrand, la rédaction du "Moustique" avait décidé de se séparer de son équipe de 5 journalistes musicaux, laissant seul, Pascal Stevens, un des anciens, comme rédacteur en chef de la partie cinéma/ musique. Un homme a qui je dois beaucoup, et qui a toujours tenté de tirer le meilleur de moi dans ce métier.
Dans ce but de rajeunir l’équipe, il était demandé, si l'on était intéressé, d'envoyer un article de son choix, sur un artiste, sans plus de précision. Étant certain de ne pas être pris, et m'affirmant comme un fan compulsif de Bowie, j'avais envoyé une sorte de fable surréaliste qui faisait se rencontrer les personnages que l'Anglais avait incarnés entre 70 et 80. J'ai un peu oublié l'histoire, et c'est, hélas, l'un des rares textes que je n'ai pas gardé... Sans doute l'originalité de la fable a dû plaire à la revue, car je n'écrivais pas spécialement bien, et je ne parle pas de mon orthographe en français, à l’époque. Par la suite, j'ai écrit pratiquement tous les articles concernant Bowie durant 6 ans, mais de 83 à 89, ce fut sa pire décennie productive. Quand à Prince, que j'aimais déjà depuis le saccadé Controversy(80), il fut ma première couverture de la revue qui tirait à 150.000 exemplaires pour un pays de 9 millions d’habitants. Ce qui me laissait une certaine fierté non dissimulée pour un gamin de moins de vingt ans, l'espace d'une semaine. Les journaux, avant internet, avaient un tirage sans commune mesure avec aujourd'hui, et le journaliste culturel possédait un rôle bien plus important. On m’avait donné la responsabilité de couvrir le film/ disque « Purple Rain », ce qui me laissait un sentiment entre fierté et une certaine crainte. Il me fallait assister en projection presse ce qui donnerait 6 pages dans le journal. "Purple Rain", était donc une sorte de bio musicale de Prince, auquel on m'avait demandé d'ajouter une bio antérieure du petit gars de Minneapolis, grand amateur de femmes, et multi instrumentiste de talent. Mais, ce film, c’était surtout la révélation d’un son nouveau, celui de Minneapolis, que l’artiste allait divulguer avec d’autres artistes qu’il tenait dans sa main. Les anciens se souviendront de Vanity, Appolonia 6, Sheila E., The Bangles, The Times ou encore Wendy and Lisa, musiciennes qui l'accompagnaient, et qui se lancèrent dans des carrières individuelles ensuite. 


Jusqu’au début des années 90, Prince était incontesté, mais ce n’est que vers 2004 et 2006, et les albums « 3121 », et « Musicology », qu’il retrouva les faveurs des critiques. Entre temps, il avait enregistré un nombre invraisemblable d’albums, certains peu inspirés, d’autres excellents, mais la guerre qu’il entretenait avec les maisons de disques, avait bloqué sa carrière. Alors, en attendant que tout ce qu’il produisit doit disponible, vous ne regretterez pas d’écouter ses albums de 2004 jusqu’à sa disparition. Il y a très peu de choses à écarter et son génie n’a jamais disparu.

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