samedi 21 septembre 2019

En écoute: Arno-"Santeboutique"




 Le seul point commun entre Arno et ce blog, ce sont les trois langues. Il ne chante pas en portugais, mais il livre ses chansons en anglais, français, ou flamand…Ou les trois à fois. Tandis que j’étudie une compilation pour une émission spéciale, voilà qu’arrive le nouvel album d’Arno : « Santeboutique ». Et cette chronique est pour tout le monde!
 Arnold Charles Ernest Hintjens, de son vrai nom est peut être bien parmi les 10 artistes qui symbolise la Belgique, depuis qu’il balançait avec son groupe TC MATIC (de 1977 à 1986), « Oh lal la la », avec ses guitares en lames de rasoir. D’ailleurs, pour ceux qu’ils ne le connaîtrait pas. C’est bien simple. La définition d’Arno : « un artiste belge issu des année 80 ». Mais vous pensiez bien que je ne m’arrêterais pas là. 

En plus d’être belge, il est de la ville côtière d’Ostende. Ou mieux, Oostende, où il est né en 1949. C’est ici que le bloggueur est coincé. Oostente est une ville chargée de d’images, d’histoires, d’importances artistique. Oostende, grand port dont sa laideur est sa beauté. C’est le Liverpool anglais, l'Hambourg allemand, Le Havre français, ou le Rotterdam hollandais. C’est surtout la ville de James Ensor (1860-1940), le premier peintre expressioniste mondial (et non, pas Van Gogh), fils de Jérome Bosh et de Breughel. 
C’est aussi la ville la ville de Spilliaert  (1881-1946) que le chanteur cite dans le glacial et superbe « Oostente bonsoir ». Spilliaert, ce peintre aquareliste et symboliste, rendait cette angoisse de la solitude avec une froideur qui pousserait au suicide. Et cette froideur envahit  la ville encore, dès que le mois d’octobre, de nos jours. La frustration me gagne quand à parler d’Oostende. Arno, c’est tout çà. Le grotesque d’Ensor, les fêtes régionales comme le « Bal du rat mort ». Et les noirs et blancs de Spilliaert qui étaient déjà dans les couleurs musicale des guitares stridente Paul Decoutere et Frans Van Aerts de TC MATIC. Comme je le signalais lors d’une émission, Oostende, ce fut aussi la ville choisie par Marvin Gaye, pour fuir le show business en 1980. Arno devint un camarade et même le cuisinier de la légende soul.

 Ostende, la nuit, le Kursaal

 Les succès comerciaux d’Arno, post Tc Matic se limitent à la Belgique avec quelques titres cultes Putain putain (cest vachement bien, on esquand même tous des européens !),, Bathroom singer, Elle adore le noir, Les Yeux de ma mère, Je veux nager, Chic et pas cher. Il s'est fait une spécialité de reprises originales et décalées de standards francophones, qui lui ont ouvert un public plus large (Les Filles du bord de mer d'Adamo, Le Bon Dieu de Jacques Brel, Comme à Ostende de Jean-Roger Caussimon et Léo Ferré, Elisa de Serge Gainsbourg, Sarah de Georges Moustaki, Pauvres diables (Vous les femmes) de Julio Iglesias, Knowing me, knowing you de ABBA, Get up, stand up de Bob Marley et Peter Tosh), voire les deux, le medley Jean Baltazaarr, La fille du Père Noël/Jean Genie de Jacques Dutronc/David Bowie, avec Beverly Jo Scott. Abandonnant un peu l'anglais au cours du temps, sa musique reste un vaste mélange, l'accordéon y côtoyant la guitare électrique. 



C'est sur scène qu'il prend sa vraie dimension comme en témoignent ses albums lives En Concert (à la française) sorti en 1997 et Live in Brussels en 2005 où l'on trouve des interprétations de Les Yeux de ma mère. Aimé par un public français branché, Arno était trop belge pour les anglais, J’y trouve beaucoup de Charlelie Couture dans l’œuvre de d’Arno ou de Tom Waits. Et de Brel bien sûr. Ce quotidien des gens du peuple, mais aussi beaucoup de ce qui concerne sa propre vie. Oui, il faut être belge pour comprendre Arno à 100 %. Mais pas pour comprendre sa musique. J’ai eu peur qu’à ses début, son bégaiement,sa difficulté à chercher les mots, ne le discrédite aux yeux du public français. Mais sa musique, très post punk et ses textes, ainsi que son charisme sur scène m’a rassuré. 




Et puis, il y avait toujours cette image des parisiens du belge proche de l’innocent du village. C’est alors que j’aime avoir des préjugés ridicules car si la France n’est pas à proprement parlé un pays de rock, ses amateurs savent de quoi ils parlent. 

Ce n’était pas difficile de croiser Arno un soir au centre de Bruxelles. Même d’allure courbée, sa stature d’un mètre 95, ses santiags, habillé de noir, cheveux poivre et sel, et des soirées passés dans le quartier des Halles Saint-Géry, il était plutôt doté d’un humour que même sa diction ne dérangeait pas. 


Parmi ses 15 albums en solo, parfois irréguliers, « Santeboutique » fera partie de ses belles pages, où l’on retrouve le rock de ses début qui domine (Ca chante », « Lady Alcohol ») ou le funk («Flashback blues ») , quelques textes « non sense » (« Les saucisses de Maurice »), sur le couple pathétique («Naturel », « Santeboutique »), et au final un album sans point faible, rock mais produit pour passé sur les ondes, et une petite perle pour cette année. ARNO/ « Santeboutique » (Excellent !)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire