vendredi 16 août 2019

News de la semaine dans la capsule “Comme excuse”: le phénomène de la musique diplômée


Inezita Barroso (archive internet)

Dans les années 90’s, Gilberto Gil, le grand sage de la musique brésilienne, nous disait qu’il ne fallait pas se pincer le nez avec certaines musiques populaires à la qualité douteuse, mais qui recueillaient un succès phénoménal. Depuis 20 ans le « Sertanejo Universitaire » dépasse de loin les ventes de n’importe quel style national. Mais le sertanejo, ou musique « caipira », existe depuis plus d’un siècle et représentait la musique qui se jouait dans les régions non-urbaine, les zones pauvres ou rurales, bref, en dehors des villes. Une sorte d’Art Populaire dominé par la viola, cette guitare rustique cristalline qui rappelle le son de la guitare portugaise. 

Dans les années 30, elle se structura, et des chanteuses comme Inezita Barroso, en fit un genre populaire qui s’installa définitivement. Des duos commencèrent à apparaître dans les années 60, commo Tonico et Tinoco, avant que ne viennent Sérgio Reis, Almir Sater, Renato Texeira, qui continuaient à maintenir le genre dans le camps noble. Suivirent une multitude de duos aux voix aigues, dont Chitaozinho et Xororo, le duo le plus représentatif. Mais vers 2000, le changement se fit plus radical. De la musique originale, plus rien ne resta, et le marché musical, lança le sertanejo universitario, qui n’était en fait que de la pop simplifiée, où la souffrance évoquée dans les paroles, fit place aux texte plus coquin, ouvertement proclamée pour aider à la drague dans les grandes boites urbaines. 

Chitaozinho & Xororo (archive internet)

Luan Santana (archive internet)

Cette musique ira jusqu’à faire danser les européens avec Michel Telô et Gustavo Lima. Certains artistes arrivèrent à se faire une place dans le temps comme Luan Santana ou Paula Fernandes. Non, il ne fallait pas de diplôme pour se produire sur scène (« universitaire » qualifiant la tranche d’âge ciblée), et beaucoup d’artistes, tombèrent dans la machine à broyer du « one hit single ». On prend un jeune, une chemise à carreau, un texte sexy, un refrain pop simpliste, puis, on reprend la chemise qu’on donne à une prochaine victime. La récupération mercantile d’un style n’est pas une pratique nouvelle, mais le phénomène dure et est imposant dans tout le pays, principalement dans les états de Goias, Sao Paulo, le Matogrosso, et en fin de compte dans le monde entier. En résumé, il s’agit du style musical le plus vendu, mais ce qui impressionne c’est sa longévité. 

Paula Fernandes (archive internet)

En résumé, l’appellation « sertanejo » est tout bonnement erroné, et, même si cela reste de la culture populaire, il fait peut-être plus de mal à un siècle d’artistes, qui défendaient un style qui avait ses racines dans l’ADN du pays, et faisait partie du patrimoine du peuple brésilien. Mais la musique est pleine de surprise, et bien malin celui qui sait déjà ce que les radios nous livreront dans dix ans. Plus que jamais, il faut chercher la musique de qualité, elle ne vient plus à vous, et peut être n’est-ce pas si mal. Et puis, si cela fonctionne, ce n’est pas parce que cette musique est qualitativement bonne, mais elle répond à un besoin. Bref, ce Brésil qui vit des moments difficiles, ses jeunes (et d’autres) en ont besoin ! Et tant qu’elle reste inoffensive et anime les fêtes, ce sera toujours mieux que les marches militaires…(suite dans la capsule audio des news)

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