dimanche 25 août 2019

Le punk, des bagarres inutiles (2)


The Sex Pistols (1977)

Donc contrairement à ce que beaucoup pensent, le punk n’est pas né en Angleterre avec les Sex Pistols, mais nos amis anglais ont toujours eu le talent d’aller jusqu’à la source de leurs influences, et de ramener au pay les ingrédients jusqu’à et les rendre plus créatifs. Comme seul exemple je parlerai des Beatles qui, à Hambourg, en 1961, reprenaient des titres de la soul ou des artistes Motown, en les adaptant à leur phrasé et leur rythme plus rock. Et parfois avec beaucoup de bonheur. 

Malcolm Mc Laren (archive internet)

 En ce qui concerne les groupes punk anglais comme les Pistols, la criativité se situait au niveau de l’apparence, dû aux idées vestimentaires de Malcolm Mc Laren et Vivienne Westwood, qui ont affublé d’éléments agressifs les fantoches trouvé à gauche ou à droite. Et Malcolm créa donc ce qui demeure aujourd’hui l’image classique du punk, qui était généralement de piètres musiciens, quand bien même ils l’étaient. 
Mais ce n’était pas l’important. Ils fallait se montrer agressifs dans une Angleterre dominée par Margareth Thatcher, qui mit l’Angleterre à genoux quelques années. Bref, un look haineux et une raison de l’être, cela ne pouvait mieux tomber. 

Sid Vicius, symbole du punk jusquà aujourd'hui


Et il fallait des morceaux rapides pour un message de rébellion, ce qui barrait le chemin au rock progressif. Les Sex Pistols devaient être laids à faire peur, jouer mal, et être réellement méchants. Du moins leur public. Le chanteur Johnny Rotten assumait ce personnage sorti d’asile psychiatrique, les yeux exorbités, qui chantait d’une voix crispante tandis que le bassiste Sid Vicious, le plus dangereux, jouait ses trois notes à la basse, comme pour le blues, sous l’effet de cocktails illégaux injectés durant la journée. Ce n’était qu’un gamin sans but, qui usait de son look pour provoquer et chercher la bagarre, au nom de la haine du système et surtout sous l’effet des substances ingérées. Pourtant, des artistes comme Chrissie Hynde, des futures Pretenders, Siouxsie Sioux, ou même Patty Smith lui trouvèrent de l’intérêt. Et c’était loin d’être des idiotes. Mais il suffit de voir les dates d’existence du groupe pour voir que les Pistols furent une étoile filante, souvent interdits de concerts, qui n’avaient pas le talent musical pour jouer sur l’unique album culte sortit, "Never mind the Bollocks" (1977),  laissant place à des musiciens de studios, excepté le vocal de Rotten. Et entre nous, The Clash, The Stranglers, The Jam, et même Iggy Pop étaient bien plus durs dans leur sonorité. Et de tous ces groupes de 1977, seul The Clash peut être considéré comme le groupe punk le plus crédible sur leurs deux premiers albums. 

The Clash, punk crédibles sur leur seus premiers albums

Mais même si Strummer, le chanteur de The Clash, clamait que les Sones étaient «morts », le groupe jouait la même musique, plus rapidement peut être, et plus fort. Mais le naturel revenant au premier plan, « London Calling », leur chef d’œuvre de 1979, est fortement influencé par le rockabilly et le ska.
Le punk, comme nous le voyons aujourd’hui, aura été le fruit de ce concepteur de mode, Malcolm Mc Laren, qui profitant de la situation politique du pays qui donna un thème que les américains, préoccupés par d’autres problèmes, n’exploitèrent pas. En vérité, les Pistols ne s’intéressaient guère à la monarchie, mais bien à la provocation. A part Sid Vicius les autres membres évitaient de participer à la violences des fans, contrairement aux Stranglers, véritables musiciens talentueux, mais qui, selon une interview de Jean Jacques Burnell, le bassiste, devaient bastonner pour s’imposer, alors que ce n’était pas leur but. Mais cela ne leur faisait pas peur. Burnell était ceinture noir de karaté et le guitariste Hugh Cornwell, pas très costaud mais enragé, n’hésitaient pas à descendre dans le public quand le comportement de gamins imbibés de bière ne se montraient pas éduqués à l’anglaise. 

The Stranglers: Dave Greenfield, Hugh Cornwell, Jet Black, Jean Jacques Burnell

 Quant à Jet Black le batteur, rien que son allure faisait fuir les chercheurs de bagarre. The Stranglers avaient tous presque 30 ans, diplômés, et le fait d’affronter les fans d’autres groupes, leur fit gagner la sympathie de grands costauds, ce qui leur laissait la possibilité de se se concentrer sur leurs mélodies baroques. Ils seraient injuste de ne pas citer des groupes précurseurs de cette époque, qui allaient doucement faire oublier les groupes de rock progressif, comme The Buzzcocks du génial Pete Shelley, Magazine, Generation X de Billy Idol, The Cramps, ou les groupes de ‘pub rock’ comme l’excellent Docteur Feelgood, qui influencèrent beaucoup le trio ...

The Jam: Bruce Foxton, Rick Buckler, Paul Weller

...« mod » The Jam, dont Le leader, Paul Weller, 18 ans, se rebellait avec une certaine naïveté dans ses premiers textes dès leur premier album, « In the City », influencé par le rock aggresif mais aussi la soul de Motown.
Contrairement aux punks, The Jam respectait la reine, les symboles anglais, mais s’en prenait aux politiciens et à la première ministre, et dénonçait le racisme dans leur succès (‘Down in the tube station at midnight’) , et les émeutes raciales, comme The Clash (avec ‘White riot’), et le nucléaire dans leur premier numéro un anglais ‘Going Underground’, chef d’œuvre absolu. The Jam qui gagnait une popularité énorme en Angleterre, avec une série de numéro un dans les charts, allait pourtant se séparer en 1982, Paul Weller, le cerveau du groupe, choisissant une musique proche de son amour pour la musique soul américaine. Il créa The Style Council avec Mike Talbot, ex-claviériste de Dexy’s Midnight Runners

Plus tôt, quand The Ramones firent le chemin de New York vers Londres, ces derniers étaient déjà connus en Angleterre, et ce fut la guerre des gangs pour savoir qui allait ouvrir le concert. Les deux bassistes Paul Simonon (The Clash), et Burnell (The Stranglers) s’engagèrent dans une rixe violente et ce furent the Stranglers qui, vu leur popularité dans les ventes, furent choisis, ce qui ralluma la flamme de la haine entre gangs des groupes anglais. Mais toutes ces bagarres prouvent-elles l’existence du punk musicalement. Non, comme je vous l’expliquerai dans le prochain post. (à suivre)


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